Thaïlande/Russie. Il faut bloquer l’expulsion de membres d’un groupe de rock russe qui risquent d’être persécutés
En réaction aux informations selon lesquelles les autorités thaïlandaises envisagent d’expulser les membres du groupe de musique Bi-2, qui sont détenus en Thaïlande, vers la Russie, semble-t-il sous la pression de diplomates russes, Denis Krivosheev, directeur adjoint du programme Europe et Asie centrale d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Il est impératif que les autorités thaïlandaises respectent les principes de non-refoulement et s’assurent que les musiciens du groupe de rock Bi-2 ne soient pas renvoyés de force vers la Russie, où ils risqueraient fortement de subir des persécutions en raison de leurs prises de position contre la guerre.
« Les membres de Bi-2, connus pour leur position franche contre l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont déjà fait l’objet d’une campagne de diffamation soutenue par l’État. Leurs concerts ont été annulés et l’un des membres du groupe a été désigné par les autorités russes comme " agent étranger ". S’ils sont expulsés vers la Russie, ils courent un risque réel de détention arbitraire dans le cadre d’une procédure administrative et de poursuites pénales infondées, qui pourraient déboucher sur une longue période d’incarcération. Les autorités thaïlandaises doivent respecter leurs obligations internationales et autoriser le départ des membres du groupe Bi-2 vers un pays sûr. »
Complément d’information
Les sept membres de Bi-2, groupe de rock russe, étaient en tournée en Thaïlande et ont été arrêtés à Phuket le 25 janvier pour avoir donné des concerts sans autorisation, en violation de la législation thaïlandaise sur l’immigration. Ils ont ensuite été transférés vers un centre de détention de l’immigration où, selon certaines informations, ils sont détenus dans une cellule partagée avec 80 personnes.
Quatre membres de Bi-2, dont Yegor Bortnik et Alexandre Ouman, possèdent des doubles nationalités, russe et d’un autre pays, dont Israël. Au départ, la Thaïlande prévoyait de les expulser vers Israël le 29 janvier, mais elle est revenue sur sa décision à la suite d’une intervention présumée de la Russie. Le 30 janvier, seul Yegor Bortnik a été autorisé à partir pour Israël, tandis que les autres demeurent en détention.
L’opposition du groupe à l’invasion de l’Ukraine par la Russie a valu à Yegor Bortnik d’être désigné comme un « agent étranger » au titre des lois draconiennes de la Russie. Un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a accusé le groupe Bi-2 de « financer le terrorisme », en lien avec leur soutien à l’Ukraine. L’ONG pro-gouvernementale Vétérans de Russie a réclamé qu’ils soient poursuivis en justice et passibles d’une peine de réclusion à perpétuité pour « promotion d’activités terroristes », conformément à l’article 205.1 du Code pénal.