République dominicaine. Les autorités doivent mettre fin aux politiques migratoires de facto racistes
Dans une lettre ouverte adressée au président de la République dominicaine et à d’autres institutions de l’État, Amnistie internationale, en collaboration avec des organisations dominicaines de défense des droits humains, a demandé que cessent les violations des droits fondamentaux que subissent les Haïtien·ne·s, les Dominicain·e·s d’origine haïtienne et les personnes noires dans le cadre de politiques migratoires de facto racistes dont les modalités d’application s’appuient sur une discrimination raciale, entraînant ainsi l’exclusion de personnes haïtiennes et dominicaines sur la base de leur origine ethnique.
« Le gouvernement dominicain lui-même a déclaré avoir expulsé plus de 250 000 Haïtiennes et Haïtiens en 2023, y compris des personnes nécessitant une protection internationale. Ces expulsions collectives constituent une violation flagrante des obligations internationales de la République dominicaine et mettent en danger la vie et les droits des personnes concernées. Les retours forcés vers Haïti doivent cesser », a déclaré Ana Piquer, directrice pour les Amériques à Amnistie internationale.
« La décision radicale du gouvernement, qui a suspendu toutes les bases légales permettant aux personnes haïtiennes de travailler, d’étudier ou de résider dans le pays, a eu de lourdes conséquences : des familles ont été séparées et de nombreuses personnes se sont retrouvées dans l’incertitude quant à leur situation migratoire ».
Dans cette lettre ouverte, Amnistie internationale et les organisations signataires soulignent que l’exclusion des personnes noires d’origine haïtienne et dominicaine est le résultat d’un ensemble de politiques migratoires discriminatoires, et notamment de la détention et des expulsions collectives qui touchent les personnes haïtiennes, y compris des enfants et des femmes enceintes ou venant d’accoucher. Les organisations appellent les autorités à garantir dans les plus brefs délais l’accès des Haïtiennes et Haïtiens aux procédures d’asile, sans aucune discrimination; et à rétablir les voies légales d’entrée et de séjour pour les travailleurs·euses, les étudiant·e·s, les personnes en quête d’asile, les migrant·e·s cherchant à résider légalement dans le pays, ainsi que dans le cadre du regroupement familial.
Amnistie internationale a également demandé aux autorités d’enquêter sur les allégations de violence à caractère raciste et d’autres violations des droits humains commises par des agent·e·s de l’immigration, de la police et des forces armées; de mettre fin à l’arrestation et à l’expulsion de femmes enceintes, d’enfants et de personnes dominicaines d’origine haïtienne; ainsi que de veiller au respect du droit de défendre les droits humains.
« Nous disposons d’informations sur des actes graves qui auraient été commis par des fonctionnaires de l’État dominicains et qui portent atteinte à la dignité et à l’intégrité physique de personnes haïtiennes ou d’origine haïtienne et dominicaines noires directement impactées par des pratiques racistes. Au lieu de protéger ces personnes du harcèlement, de la stigmatisation et des menaces dont elles sont victimes, les autorités dominicaines ont favorisé des discours et des politiques discriminatoires à leur encontre », a déclaré Ana Piquer.
« Face à l’urgence de la situation, il est impératif que la République dominicaine s’engage à construire une société antiraciste, où les droits humains de toutes les personnes sont pleinement respectés et protégés, indépendamment de leur nationalité, de leurs origines ou de leur statut migratoire ».