• 30 mai 2024
  • Chine
  • Communiqué de presse

Hong Kong. Des figures de l’opposition déclarées coupables dans le cadre d’une « purge impitoyable » visant 47 personnes

En réaction à la condamnation le 30 mai 2024 de 14 figures de l’opposition à Hong Kong pour « conspiration aux fins de subversion de l’État », Sarah Brooks, directrice pour la Chine à Amnistie internationale, a déclaré :

« Cette condamnation massive sans précédent illustre avec force l’instrumentalisation de la Loi sur la sécurité nationale de Hong Kong en vue de faire taire la dissidence. Il s’agit d’une purge quasi-totale de l’opposition politique, qui met en évidence la désintégration rapide des droits humains à Hong Kong.

« Emprisonner ces hommes et ces femmes, alors que la majorité des 47 accusé·e·s ont déjà passé plus de trois ans en détention provisoire, relève de l’injustice grave. Aucune des personnes condamnées n’a commis un crime reconnu par le droit international ; elles sont ciblées simplement pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de participation aux affaires publiques.

« En outre, ces condamnations adressent un message effrayant à toute autre personne à Hong Kong qui s’oppose aux actions du gouvernement : taisez-vous, ou vous allez vous retrouver derrière les barreaux.

« Tout au long de cette parodie de procès, les autorités de Hong Kong ont fait la sourde oreille aux appels lancés par Amnistie internationale et d’autres organisations de défense des droits humains pour abandonner ces accusations iniques.

« Il est aujourd’hui du devoir de la communauté internationale de nous rejoindre et de demander la libération immédiate et inconditionnelle des 47 personnes concernées. S’opposer de manière pacifique au gouvernement n’est pas un crime. »

Complément d’information

Dans le cadre de la plus vaste procédure intentée à Hong Kong en vertu de la Loi sur la sécurité nationale, promulguée en juin 2020, les 47 accusé·e·s ont été conjointement inculpés de « conspiration aux fins de subversion de l’État ».

Sur les 47, 31 avaient déjà plaidé coupables de cette accusation avant l’audience de ce jour. Parmi les 16 autres qui ont plaidé non coupables, 14 ont été condamnés et deux autres acquittés par le tribunal aujourd’hui.

Ces accusations portent sur le fait d’avoir organisé et participé à des « primaires » internes pour les élections de 2020 au Conseil législatif, qui ont finalement été reportées par les autorités en raison du COVID, avant que le gouvernement chinois ne mette en place un nouveau système électoral imposant une sélection stricte des candidat·e·s autorisés à se présenter.

À l’époque, la cheffe de l’exécutif de Hong Kong, Carrie Lam, avait déclaré que ces « primaires » étaient illégales et avait émis une mise en garde, affirmant qu’elles pourraient constituer une infraction à la Loi sur la sécurité nationale, promulguée quelques semaines auparavant seulement.

Considérer que des « primaires » organisées en interne par des partis politiques pour sélectionner des candidat·e·s en vue d’une élection puissent constituer une véritable menace pour l’existence, l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de Hong Kong va à l’encontre des normes internationales relatives aux droits humains, qui fixent un seuil élevé pour l’application de la notion de « menace à la sécurité nationale ».

La situation des droits humains à Hong Kong s’est considérablement détériorée depuis 2020 : on dénombre près de 300 arrestations pour violation de la Loi sur la sécurité nationale ou de la loi sur la « sédition » datant de l’époque coloniale. La législation de l’Article 23  récemment adoptée devrait encore faire monter d’un cran le niveau de répression dans la ville.