Bélarus. Des dizaines de proches de personnes emprisonnées pour des raisons politiques sont arrêtés dans le cadre d’une nouvelle répression
En réaction aux informations selon lesquelles les autorités bélarussiennes ont arrêté plusieurs dizaines de personnes au cours des deux derniers jours, majoritairement des proches de personnes emprisonnées pour des raisons politiques, Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« Comme si ce n’était pas suffisant d’emprisonner injustement des dizaines d’opposant·e·s et de manifestant·e·s, les autorités bélarussiennes s’en prennent maintenant à leurs familles. Cela marque la recrudescence de la campagne visant à annihiler tous les vestiges de dissidence au Bélarus depuis l’élection controversée de 2020. La sévérité est surprenante, même pour un pays et une région qui connaissent plus que leur part de représailles violentes.
« Toutes les personnes détenues et incarcérées arbitrairement, y compris en raison de leurs activités militantes pacifiques, doivent être libérées immédiatement. Enfin, nous demandons à la communauté internationale de redoubler d’efforts en vue de recenser et de prendre en compte les violations des droits humains au Bélarus et de rechercher activement des moyens d’amener les responsables présumés à rendre des comptes. »
Complément d’information
Selon le Centre de défense des droits humains Viasna, le 23 janvier, la police a effectué des descentes au domicile d’environ 160 personnes, principalement des proches de personnes emprisonnées pour des raisons politiques. Certaines ont été placées en détention, d’autres fouillées puis relâchées. Maryna Adamovich, l’épouse du militant incarcéré Mikalai Statkevich, a été placée en détention administrative pour une période de 15 jours pour « houliganisme mineur ». Au Bélarus, ce type d’arrestations donne souvent lieu à des accusations à caractère politique.
Les accusations de « financement d’activités extrémistes » et de « participation à des groupes extrémistes » inscrites dans le Code pénal du Bélarus sont couramment invoquées pour justifier les arrestations. Beaucoup sont liées au projet INeedHelpBY, qui vient en aide à ceux qui sont touchés financièrement par la répression politique.
Cette pratique qui consiste à cibler les proches des prisonniers politiques n’est pas nouvelle au Bélarus. Le 9 janvier, Tatstsiana Seviarynets, mère du leader de l’opposition incarcéré Paval Seviarynets, a été arrêtée et libérée dans l’attente de son procès à Vitsebsk ; les accusations pesant sur elles restent floues. En outre, le 19 janvier 2023, Darya Losik, épouse du militant incarcéré Ihar Losik, a été condamnée à une peine de deux ans de colonie pénitentiaire pour avoir « facilité des activités extrémistes », en lien avec ses propos sur une chaîne de télévision interdite.