Zimbabwe. Le maintien en détention de Job Sikhala constitue un déni de justice flagrant
Réagissant au maintien en détention du dirigeant de Citizens Coalition for Change (CCC), Job Sikhala, qui a passé 500 jours en détention provisoire, la directrice adjointe pour l’Afrique australe et l’Afrique de l’Est à Amnistie Internationale, Khanyo Farisè, a déclaré :
« Le maintien en détention de Job Sikhala, qui attend son procès, constitue un déni de justice flagrant et il en dit long sur le système judiciaire du Zimbabwe. Il montre que les autorités utilisent à mauvais escient les tribunaux pour bâillonner les dirigeant·e·s de l’opposition, les défenseur·e·s des droits humains, les militant·e·s, les journalistes et les autres voix dissidentes qui ont du poids.
« Les autorités doivent cesser d’instrumentaliser la justice pour s’en prendre aux figures de l’opposition et aux citoyen·ne·s ordinaires. Le harcèlement et l’intimidation incessants des militant·e·s et des défenseur·e·s des droits humains au moyen des tribunaux doit cesser. Toute personne doit pouvoir exercer son droit à la liberté d'expression sans crainte de représailles.
« Le droit à un procès équitable est reconnu au niveau international en tant que droit fondamental et les autorités zimbabwéennes sont tenues de le respecter. Les charges retenues contre cet homme sont motivées par des considérations politiques et basées uniquement sur le fait qu’il a exercé pacifiquement ses droits fondamentaux. Les autorités n’ont par ailleurs pas démontré la nécessité de son placement en détention dans l’attente de son procès. Nous demandons sa libération immédiate et inconditionnelle. La communauté internationale doit fermement condamner le harcèlement persistant auquel il est soumis. »
Complément d’information
Job Sikhala, ancien membre du Parlement et représentant du mouvement d’opposition Citizens’ Coalition for Change (CCC), a été déclaré coupable le 3 mai 2023 d’obstruction à la justice ; il avait été arrêté le 14 juin 2022 après qu’il eut assisté aux funérailles d’un militant politique, Moreblessing Ali, qui a été porté disparu pendant trois semaines avant d’être retrouvé assassiné et mutilé le 11 juin 2022. Job Sikhala a été condamné à une peine de six mois d’emprisonnement avec sursis, avec la possibilité de payer une amende d’un montant de 600 dollars des États-Unis au lieu de passer six mois derrière les barreaux. Il a cependant été maintenu en détention dans l’attente de l’ouverture de son procès pour des accusations d’incitation à la violence et de troubles à l’ordre public. Ses demandes de libération sous caution ont été rejetées à maintes reprises. Son procès pour incitation a débuté le 3 mai 2023 puis été reporté au 27 octobre 2023. Job Sikhala est incarcéré à la prison de sécurité maximum de Chikurubi, dans la capitale, Harare, depuis juin 2022.