Thaïlande. Les autorités ne doivent pas procéder à l’expulsion des ressortissant·e·s du Myanmar qui ont été interrogés
En réaction aux fouilles d’appartements et aux interrogatoires de près de 100 ressortissant·e·s du Myanmar, dont des enfants, dans la ville frontalière de Mae Sot, Nang Sein, responsable des recherches sur le Myanmar à Amnistie internationale, a déclaré :
« Les autorités thaïlandaises ne doivent pas renvoyer les ressortissant·e·s du Myanmar vers un pays où ils risquent d’être emprisonnés, torturés, voire condamnés à mort, entre les mains de l’armée birmane.
« Les ressortissant·e·s du Myanmar qui fuient en franchissant la frontière vivent dans la peur permanente d’être expulsés et sont plongés dans l’incertitude. Beaucoup ont dû quitter leur logement depuis le coup d’État de février 2021 pour échapper à la violente répression des manifestations exercée par l’armée : ils sont en danger pour avoir participé à des manifestations pacifiques ou en raison de leurs convictions politiques. Aujourd’hui, ils n’ont nulle part où aller et ont peu de possibilités pour subvenir à leurs besoins.
« La Thaïlande a une longue tradition d’accueil et d’aide humanitaire vis-à-vis des réfugié·e·s de la région. En tant que pays voisin du Myanmar et membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), la Thaïlande a un rôle majeur à jouer en offrant une protection indispensable à ceux qui fuient la répression au Myanmar.
« Les autorités thaïlandaises doivent respecter le principe de non-refoulement inscrit à la fois dans le droit international mais aussi dans la loi thaïlandaise sur la prévention et la suppression de la torture et des disparitions forcées. Ces personnes ont le droit de vivre dans la dignité et d’avoir accès à l’asile. »
Complément d’information
Les autorités migratoires, militaires et locales ont fouillé des appartements à Mae Sot, dans la province de Tak en Thaïlande, les 22 et 23 mars.
Amnistie internationale a reçu des informations de membres de la communauté locale qui ont indiqué que les autorités disposaient d’une liste de personnes susceptibles d’être arrêtées, notamment des transfuges militaires, d’anciens fonctionnaires du gouvernement qui participent au mouvement de désobéissance civile, des responsables politiques, des militant·e·s et des membres de groupes armés.
On estime qu’environ 100 personnes, dont des enfants, ont été interrogées à l’extérieur de leurs appartements, et relâchées plus tard le jour même, le 22 mars. Selon un responsable associatif, les autorités ont fouillé un autre bâtiment hébergeant des Birman·e·s le 23 mars à Mae Sot. Il a ajouté que les autorités thaïlandaises disposaient de photos et d’une liste de personnes recherchées par l’armée du Myanmar.
En tant qu’État partie à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, la Thaïlande est tenue de ne pas expulser les personnes exposées au risque de subir des préjudices irréparables.
Plus de deux ans après le coup d’État militaire au Myanmar, plus de 1,4 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et 52 000 environ ont fui vers les pays voisins, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugié·e·s (HCR). Depuis de nombreuses années, les ressortissants du Myanmar qui fuient la violence et les persécutions dans leur pays cherchent refuge de l’autre côté de la frontière, en Thaïlande. Cette tendance se poursuit depuis le coup d’État, puisque selon les estimations, 22 400 personnes ont traversé la frontière thaïlandaise.