Pakistan. Le gouvernement ne doit pas expulser les réfugié·e·s afghans
En réaction aux informations selon lesquelles le gouvernement du Pakistan a ordonné à tous les réfugié·e·s afghans non enregistrés de quitter le pays d’ici novembre 2023, Nadia Rahman, directrice régionale adjointe par intérim des recherches pour l’Asie du Sud à Amnistie Internationale, a déclaré :
« Les Afghan·e·s au Pakistan fuient les persécutions des talibans. Ils mènent des vies incroyablement précaires : ils doivent se soumettre à des procédures laborieuses pour s’enregistrer en tant que réfugié·e·s au Pakistan ou sont bloqués dans de longues procédures dans l’attente d’obtenir une réinstallation dans un autre pays. Un renvoi forcé en Afghanistan pourrait leur faire courir de grands risques.
« Les Afghan·e·s au Pakistan ont grand besoin d’une aide accrue, car les obstacles et les retards auxquels ils sont confrontés pour s’enregistrer en tant que réfugié·e·s ou pour être réinstallés dans des pays tiers les maintiennent dans un vide juridique et les exposent davantage encore au harcèlement et à la stigmatisation. Amnistie Internationale engage le gouvernement du Pakistan à poursuivre l’aide historique apporté aux réfugié·e·s afghans en leur permettant de vivre dans la dignité et sans craindre d’être expulsés vers l’Afghanistan où ils risquent d’être persécutés par les talibans.
« En outre, Amnistie Internationale demande une nouvelle fois au Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) d’accélérer l’enregistrement et l’examen des dossiers des personnes afghanes qui demandent une protection internationale au Pakistan, au gouvernement pakistanais de cesser de réprimer les réfugié·e·s afghans à coups d’arrestations et de harcèlement, et aux pays tiers de leur proposer une relocalisation à l’étranger afin d’accélérer la délivrance de leurs visas. La communauté internationale doit agir immédiatement afin de tenir ses engagements initiaux et fournir une protection à ceux qui fuient les persécutions en Afghanistan. »
Complément d’information
Le 3 octobre 2023, le ministre de l’Intérieur du Pakistan Sarfraz Bugti a ordonné à tous les « immigrants illégaux », y compris afghans, de quitter le pays. Ces dernières années, de nombreux Afghan·e·s vivant dans la peur des persécutions depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan en août 2021 ont fui vers le Pakistan, où ils sont en butte à des vagues d’arrestation et de détention arbitraires et vivent dans la crainte d’un renvoi forcé. En raison des retards considérables dans la procédure d’enregistrement, la plupart de ces personnes ne disposent pas de la carte de « preuve d’enregistrement » ou de la carte de citoyen afghan (ACC), des documents d’identité permettant aux réfugié·e·s afghans de rester au Pakistan en étant en situation régulière. Beaucoup sont arrivés au Pakistan avec des visas en règle qui ont depuis expiré.
Amnistie Internationale a déjà recensé les actes de harcèlement infligés aux réfugié·e·s afghans au Pakistan.
Le HCR a appelé les États à cesser d’expulser vers l’Afghanistan des ressortissant·e·s afghans ayant quitté leur pays à la suite de la prise de pouvoir des talibans. Selon le HCR, plus de 3,7 millions d’Afghan·e·s se trouvent au Pakistan, ayant fui l’Afghanistan pour des raisons économiques et politiques. Seuls 1,4 million sont officiellement enregistrés.
En décembre 2022, Amnistie Internationale a fait part de ses préoccupations au sujet de la situation des réfugié·e·s et demandeurs·euses d’asile afghans au gouvernement de la République islamique du Pakistan.