Grèce. Les incendies dans la région d’Evros font des morts, victimes de « deux grandes injustices de notre époque »
En réaction à la mort de 19 personnes, probablement des personnes migrantes et refugiées, les 21 et 22 août, dans les incendies qui ont ravagé la région d’Evros, dans le nord de la Grèce, Adriana Tidona, chercheuse sur les questions migratoires à Amnistie Internationale, a déclaré :
« Les 19 personnes tuées par des incendies de forêt dans le nord de la Grèce sont les victimes de deux grandes injustices de notre époque. D’une part, le bouleversement climatique catastrophique, auquel les gouvernements peinent à faire face et qui aggrave l’ampleur des incendies de par le monde, la hausse des températures se traduisant par des saisons des feux plus longues et plus destructrices. D’autre part, le manque d’itinéraires sûrs et légaux pour certaines personnes en mouvement, et la persistance de politiques migratoires qui reposent sur l’exclusion en fonction de l’origine et sur la dissuasion mortelle, dont des violences racistes aux frontières.
« Si l’identité des victimes des feux n’est pas encore connue, il s’agit probablement de migrant·e·s et de réfugié·e·s entrés récemment en Grèce. En raison du manque d’accès à des itinéraires sûrs et légaux pour ceux qui tentent de gagner l’Europe, ils passent de plus en plus par les frontières terrestres de la région d’Evros pour entrer illégalement en Grèce depuis la Turquie. La réponse systématique des autorités grecques se décline en retours forcés illégaux à la frontière, refus du droit de demander l’asile et recours à la violence.
« Les incendies alimentent les discours racistes et les atteintes aux droits des personnes migrantes et réfugiées. Sur son compte Facebook, Paraschos Christou Papadakis, parlementaire grec ultranationaliste, a affirmé en employant des termes racistes que les feux étaient déclenchés par ces personnes. Un particulier a été arrêté après avoir enlevé un groupe de migrant·e·s et de réfugié·e·s dans son véhicule et incité à suivre son exemple, en diffusant en ligne une vidéo de ses actes.
« L’ONG Alarm Phone a signalé que des centaines de réfugié·e·s et migrant·e·s sont bloqués dans différents endroits d’Evros, tandis que des incendies ravagent la région. Amnistie Internationale demande aux autorités grecques d’évacuer d’urgence toutes les personnes bloquées dans la région d’Evros qui ne peuvent pas se déplacer en sécurité du fait des incendies et de veiller à ce que les réfugié·e·s et migrant·e·s entrés illégalement en Grèce puissent demander l’asile et ne soient pas visés par des renvois illégaux forcés à la frontière. Elles doivent condamner publiquement tout acte de violence ou discours raciste ou toute incitation à de tels comportements, y compris de la part de responsables politiques, et mener une enquête à ce sujet. »
Voir le document : L’appel de plusieurs président·e·s à lutter contre la crise climatique souligne la nécessité d’abandonner les combustibles fossiles