Tous les États doivent interdire les logiciels espions hautement intrusifs
Alors que s’ouvre le 5 juin 2023 RightsCon, sommet consacré aux droits humains à l’ère numérique, qui se déroule à San José, au Costa Rica, Rasha Abdul Rahim, directrice d’Amnesty Tech, a déclaré :
« La crise des logiciels espions a des répercussions énormes sur l’avenir des droits humains et le monde ne peut plus se contenter de mettre un sparadrap sur cette intrusion numérique omniprésente et opaque dans la vie des gens. Les logiciels espions très intrusifs doivent être interdits sans délai et au niveau mondial.
« Les gouvernements du monde entier doivent prendre des mesures afin d’empêcher les sociétés sans scrupules de logiciels espions de vendre leurs produits et afin d’éviter que les téléphones ne deviennent des armes. Il est évident que les logiciels espions hautement intrusifs représentent un réel danger pour la vie privée et la sécurité de chacune et chacun.
« Ils sont devenus l’arme de prédilection des gouvernements désireux de faire taire les journalistes, de s’en prendre aux militant·e·s et d’écraser l’opposition, mettant ainsi de très nombreuses vies en péril. Il faut les interdire sans plus attendre. »
Le Security Lab d’Amnistie internationale enquête et suit activement les sociétés et les gouvernements qui favorisent la prolifération et les mauvais usages des technologies de cybersurveillance – une menace fondamentale pour les défenseur·e·s des droits humains, les journalistes et la société civile. Ses investigations en cours continuent par exemple de pointer la propagation du logiciel espion Pegasus de NSO Group, utilisé pour cibler des chefs d’État, des militant·e·s et des journalistes en Espagne, en Pologne, en République dominicaine, mais aussi en Amérique latine, au Moyen-Orient et en Afrique. La liste ne cesse de s’allonger.
Première initiative majeure visant à remédier à la crise du logiciel espion, le président Joe Biden a signé au mois de mars un décret qui limite l’utilisation par le gouvernement américain de logiciels espions commerciaux. Les États-Unis et les gouvernements du monde entier doivent aller plus loin et imposer une interdiction sur les logiciels espions hautement intrusifs.
Amnistie internationale définit les « logiciels hautement intrusifs » comme des logiciels dont les fonctionnalités ne peuvent être restreintes et dont l’utilisation ne peut faire l’objet d’un contrôle indépendant ; Pegasus n’en est qu’un exemple. En ce qui concerne les logiciels espions dont l’utilisation peut être limitée et faire l’objet d’un audit indépendant, Amnistie internationale demande une suspension temporaire de leur usage au niveau mondial jusqu’à la mise en place d’un système de garanties en matière de droits humains permettant de prévenir les abus.
Amnistie internationale à RightsCon
À Amnesty International, nous pensons que la technologie doit accorder une place centrale aux personnes et aux droits humains, et nous avons intégré à notre équipe des hackeurs/hackeuses, des codeurs/codeuses, des scientifiques spécialistes des données et de la technologie pour nous aider à atteindre cet objectif. Nous enquêtons. Nous faisons campagne. Nous nous employons à faire évoluer les politiques. Nous luttons pour la justice. Nous amenons les puissants à rendre des comptes. Nous traçons la voie à suivre en ce qui concerne l’avenir des droits humains et de la technologie.
Le Security Lab continue de surveiller et de dévoiler les sociétés de logiciels espions émergentes, contribuant à protéger la société civile et les milliards d’appareils portables de ces attaques intrusives. Des outils d’expertise médicolégale uniques, comme le Mobile Verification Toolkit développé par le Security Lab, donnent des moyens d’action à une catégorie émergente de technologues de la société civile qui s’efforcent de protéger leurs propres communautés contre ces menaces.
Chaque année, RightsCon rassemble des militant·e·s, des dirigeant·e·s d’entreprises, des législateurs et législatrices, des technologues et des journalistes du monde entier en vue d’agir concernant les droits humains à l’ère numérique. Après trois années de réunions virtuelles, la 12e édition sera une rencontre hybride qui se déroulera en ligne et à San José, au Costa Rica, du 5 au 8 juin 2023.
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