Tragédie d’Akwesasne : Amnistie internationale réitère sa demande auprès du Canada de se retirer de l’Entente sur les tiers pays sûrs et de garantir le droit d’asile
La tragédie d’Akwesasne n’est ni plus ni moins qu’une négation des droits humains et le reflet du reniement, par le Canada, de ses obligations internationales. Elle intervient quelques jours à peine après l’élargissement de l’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) à l’ensemble de la frontière canado-américaine afin de réduire le nombre de personnes pouvant demander l'asile au Canada.
Les deux sections d’Amnistie internationale Canada sont profondément attristées par le décès tragique de huit personnes, dont deux enfants, qui tentaient de traverser la frontière canado-américaine à Akwesasne. Elles condamnent de nouveau la décision inhumaine des gouvernements canadien et américain d'élargir, plutôt que d'annuler, l'Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS). L’application tout au long de la frontière canado-américaine de l’Entente sur les tiers pays sûrs, qui est actuellement contestée devant la Cour suprême du Canada, représente une violation du droit fondamental à l’asile.
En cette journée canadienne des droits des réfugié·e·s, Amnistie internationale appelle instamment le Canada à garantir des voies d’entrée sûres et régulières aux personnes demandeuses d’asile.
France-Isabelle Langlois, directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone a déclaré :
« La nouvelle de la mort d’au moins huit personnes migrantes, dont deux jeunes enfants, dans le Saint-Laurent la semaine passée est d'une tristesse sans nom. Malheureusement, il s'agit là d'un aperçu effrayant de ce qu’il risque de se passer dans les prochains jours et les prochaines semaines. L’élargissement honteux de l’Entente sur les tiers pays sûrs à l’ensemble de la frontière va inévitablement engendrer d’autres drames humains. Les personnes qui fuient leur pays pour chercher la protection du Canada n’ont plus d’autres choix que d’entreprendre des voyages toujours plus dangereux, au péril de leur vie.
Il y a quelques jours déjà, Amnistie internationale avait alerté l'opinion publique et les autorités sur le fait que l'élargissement de l'Entente sur les tiers pays sûrs ne mettra pas fin aux traversées irrégulières. Au contraire, cela pousse les personnes migrantes à tenter des traversées toujours plus dangereuses. La tragédie d’Akwesasne en est l’exemple le plus récent. Lorsque les organisations tirent la sonnette d’alarme ce n’est jamais par pur plaisir. Le Canada doit se retirer de l’Entente sur les tiers pays sûrs une fois pour toute et respecter le droit à l’asile, conformément à ses obligations internationales. »
Avec un collectif d’organismes communautaires et de défense des droits humains, Amnistie internationale Canada francophone participait aujourd’hui à un rassemblement devant les bureaux de Justin Trudeau à Montréal pour exiger que le gouvernement annule l'ETPS afin de permettre aux personnes de demander une protection aux postes frontaliers officiels, de manière sûre, ordonnée et digne.
Ihsaan Gardee, directeur des communications et de la mobilisation de la section anglophone d’Amnistie internationale Canada a déclaré :
« La mort tragique, la semaine dernière, de huit personnes migrantes, dont deux jeunes enfants, est profondément bouleversante et nous sommes de tout cœur avec les familles et les proches des victimes. Alors que le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada accueillait plus de migrants que jamais, mais qu'il voulait le faire "de manière appropriée" afin que les gens ne se mettent pas en danger, la décision honteuse de son gouvernement d'élargir l'Entente sur les tiers pays sûrs continuera, presque invariablement, à mettre les personnes en danger et à entraîner d'autres tragédies. Les personnes qui fuient la persécution et la mort possible n'auront pas d'autre choix que de continuer à tenter ces traversées dangereuses. »