ONU/Syrie. Le veto russe au mécanisme d’assistance transfrontalière est un coup porté aux droits humains
Réagissant au veto russe à un projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU visant à renouveler le mécanisme d’aide humanitaire transfrontalière pour 12 mois pour le nord-ouest de la Syrie, Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Ce veto intervient à la suite d’une série de compromis avec la Russie et la Chine, qui ont commencé avec la fermeture de deux points de passage au cours des deux dernières années et qui se terminent avec le démantèlement du mécanisme onusien. Le projet de résolution qui a été rejeté le 8 juillet comportait d’autres compromis avec la Russie concernant les conditions de la poursuite de l’assistance transfrontalière.
« La Russie a proposé un autre projet de résolution qui prévoyait une prorogation de six mois seulement et qui a été soutenu par deux membres du Conseil, alors que neuf votes positifs étaient nécessaires.
« Le veto de la Russie va entraîner la fermeture de la dernière ligne de vie pour au moins quatre millions de personnes dans le nord-ouest de la Syrie, alors que ces personnes ont besoin pour leur survie de l’aide de l’ONU. Cela ne va faire qu’exacerber la crise humanitaire, et conduire à une catastrophe humanitaire pour les hommes, les femmes et les enfants qui vivent dans le nord-ouest de la Syrie et qui ne pourront plus recevoir de nourriture et n’auront plus accès à des services essentiels tels que le logement, l’eau et les soins de santé.
« Le veto de la Russie s’inscrit dans la cadre d’un jeu politique irresponsable dont d’innocents civil·e·s syriens vont payer le prix. La Russie devrait rejoindre les 13 membres du Conseil qui ont soutenu une prorogation pour un total de 12 mois, et s’abstenir de faire de nouveau usage de son droit de veto contre la prorogation pour 12 mois d’une assistance humanitaire indispensable.
Complément d’information
Le mécanisme d’assistance transfrontalière de l’ONU a été créé par la résolution 2165 (2014) pour que l’ONU et ses partenaires puissent procurer une aide, sans l’autorisation du gouvernement syrien. Depuis, l’ONU et ses partenaires chargés de la mise en œuvre du processus, ainsi que des organisations humanitaires, procurent une aide et des services tels que de la nourriture, de l’eau, des produits d’hygiène et des services en matière d’assainissement, de santé, d’éducation et de protection pour les personnes vivant dans le nord-ouest de la Syrie, y compris les personnes déplacées, en passant par la frontière entre la Turquie et le nord-ouest de la Syrie.
Dans son nouveau rapport intitulé ‘Unbearable living conditions’: Inadequate access to economic and social rights in displacement camps in north-west Syria, Amnistie internationale montre de façon détaillée que parce que le gouvernement syrien refuse ou empêche l’accès des personnes déplacées aux droits économiques et sociaux, ces personnes vivent dans des conditions très difficiles dans des camps, sont dans une situation d’extrême vulnérabilité et dépendent totalement pour leur survie de l’aide internationale.