Soudan du Sud. La reconduction de l’embargo sur les armes de l’ONU est une mesure positive pour lutter contre les violences sexuelles liées au conflit
En réaction à la décision du Conseil de sécurité des Nations unies de proroger d’un an l’embargo sur les armes imposé au Soudan du Sud, Deprose Muchena, directeur régional d’Amnistie internationale pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe, a déclaré :
« La reconduction de l’embargo sur les armes est un pas dans la bonne direction et une mesure cruciale pour endiguer le flux d’armes qui sont utilisées pour commettre ou faciliter des crimes de guerre et des atteintes aux droits humains, dont des violences sexuelles liées au conflit. Le Soudan du Sud et tous les autres États membres de l’ONU, en particulier les pays voisins, doivent appliquer cet embargo avec diligence.
« Nous saluons aussi le fait que l’ensemble des critères d’évaluation de l’embargo adoptés dans la résolution 2577 de mai 2021 aient été conservés, en particulier l’application du Plan d’action commun des forces armées sur la lutte contre la violence sexuelle liée aux conflits, qui reste un critère de référence à prendre en compte avant toute modification future de l’embargo. Nous appelons le gouvernement du Soudan du Sud à mettre en œuvre ce plan d’action dans les meilleurs délais.
« Compte tenu de l’ampleur des violences sexuelles liées au conflit et de l’impunité généralisée dont jouissent leurs auteurs, nous nous félicitons en particulier de ce que le Conseil de sécurité ait de nouveau demandé au gouvernement d’établir le Tribunal mixte pour le Soudan du Sud. Il convient de porter une attention particulière à la protection des victimes, des témoins et des acteurs du système judiciaire, ainsi qu’à la responsabilité pénale, notamment en prenant des mesures pour que les crimes commis contre des personnes civiles soient jugés non plus par des tribunaux militaires, mais par des juridictions civile. »
Complément d’information
Le 18 mai 2022, Amnistie internationale a publié un rapport intitulé “If you don’t cooperate, we’ll gun you down”: conflict-related sexual violence and impunity in South Sudan, qui révèle que des violences sexuelles liées au conflit sont commises de façon persistante dans tout le pays et que les armes à feu sont souvent utilisées pour favoriser ces violences. Ce rapport dénonce également le fait que deux des volets du plan d’action élaboré pour lutter contre les violences sexuelles liées au conflit dans le pays, adopté par le gouvernement en janvier 2021, ne soient toujours pas pleinement mis en œuvre.