Somalie. Al Shabaab doit cesser immédiatement ses attaques contre la population civile
Le groupe armé Al Shabaab doit mettre un terme à ses attaques aveugles contre des civil·e·s et les autorités somaliennes doivent veiller à la protection de la population, a déclaré Amnistie Internationale lundi 31 octobre, deux jours après un double attentat à la voiture piégée revendiqué par Al Shabaab à Mogadiscio, qui a tué au moins 100 personnes et en a blessé plus de 300 autres.
Ces attentats visaient le siège du ministère de l’Éducation et se sont déroulés à une intersection très fréquentée d’un quartier commerçant dans la capitale somalienne. De nombreux enfants et personnes âgées figurent parmi les victimes. Samedi soir, le président Hassan Sheikh Mohamud a annoncé que le bilan pourrait encore s’alourdir.
« Amnistie Internationale adresse ses condoléances à toutes les personnes qui ont perdu des proches à la suite des attaques épouvantables et insensées de samedi. Les actes cruels d’Al Shabaab sont des crimes de droit international et il est absolument essentiel que les personnes soupçonnées de responsabilité pénale dans ces attentats soient traduites en justice dans le cadre de procès équitables, a déclaré Muleya Mwananyanda, directrice du programme Afrique de l’Est et Afrique australe à Amnistie Internationale.
« Al Shabaab a précisément conçu cette attaque pour faire un maximum de victimes civiles. Viser intentionnellement des civil·e·s dans un conflit armé constitue un crime de guerre, pour lequel tous les États sont autorisés à exercer leur compétence pour enquêter et engager des poursuites. Al Shabaab doit immédiatement cesser de commettre des attaques contre la population civile, et les autorités somaliennes doivent veiller à ce que les familles des victimes puissent obtenir justice, vérité et réparation. »
À la suite de ce double attentat, des proches de victimes ont partagé leur témoignage des événements sur les réseaux sociaux. Beaucoup de personnes sont encore à la recherche de membres de leur famille portés disparus. Les hôpitaux de Mogadiscio sont débordés par la prise en charge des personnes blessées dans cette attaque.
Non-respect de l’obligation de rendre des comptes
Le conflit qui oppose actuellement les autorités somaliennes à Al Shabaab continue d’avoir un impact dévastateur sur la population civile, toutes les parties au conflit commettant encore des violations graves du droit international humanitaire, sans qu’aucune victime n’obtienne justice, vérité ou réparation.
En mai 2022, le nouveau gouvernement de la Somalie a déclaré que la sécurité nationale et la lutte contre Al Shabaab étaient sa principale priorité. Depuis, le groupe armé a répondu par des attaques aveugles et ciblées contre des civil·e·s ainsi que par des assassinats et des exécutions sommaires de personnes qu’il jugeait proches du gouvernement. En août, Al Shabaab a notamment perpétré un attentat contre l’hôtel Hayat de Mogadiscio, tuant au moins 30 personnes et en blessant plus de 50 autres.
Sur les 428 victimes civiles recensées par les Nations unies en Somalie entre février et mai 2022, 76 % auraient été tuées dans des attaques aveugles commises par Al Shabaab.
Le double attentat à la voiture piégée de samedi a eu lieu cinq ans après un attentat au camion piégé au même endroit, probablement le plus meurtrier jamais commis en Afrique, qui avait fait près de 600 morts et plus de 300 blessés. Bien que ce dernier soit largement attribué à Al Shabaab, le groupe armé ne l’a pas revendiqué.