Russie. Un tribunal confirme les longues peines de prison prononcées contre deux personnes LGBTI membres d’une même famille tchétchène
Réagissant aux informations selon lesquelles un tribunal russe a confirmé les longues peines de prison prononcées contre Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev, deux personnes LGBTI tchétchènes membres de la même famille accusées à tort de « complicité avec des groupes armés illégaux », Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale, a déclaré :
« La décision rendue le 25 octobre 2022 par le tribunal est la dernière pierre à l’édifice de ce procès grotesque et inique. Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev vont maintenant passer de nombreuses années derrière les barreaux, alors que leur seul “crime” aux yeux des autorités tchétchènes est leur appartenance non dissimulée à la communauté LGBTI et leur critique pacifique des autorités locales. Le fait de s’exprimer librement est aujourd’hui une grave infraction en Tchétchénie, et en Russie plus généralement.
« Salekh Magamadov et Ismaïl Issaïev doivent bénéficier immédiatement d’une libération inconditionnelle. Les autorités doivent également diligenter une enquête approfondie sur les atteintes à leurs droits, notamment sur leurs allégations de torture et d’autres mauvais traitements. »
Complément d’information
Le 25 octobre 2022, la cinquième Cour de cassation de Piatigorsk a confirmé la décision rendue en février 2022, condamnant Salekh Magamadov à huit ans de prison et Ismaïl Issaïev à six ans de prison, après leur déclaration de culpabilité pour des accusations forgées de toutes pièces de « complicité avec des groupes armés illégaux ».
Ismaïl Issaïev est gay et Salekh Magamadov est une personne non-binaire. Ces deux personnes avaient par le passé géré une chaîne Telegram destinée aux jeunes, « Ossal Nakh 95 », qui aurait été critique à l’égard des autorités tchétchènes.
En août 2019, Ismaïl Issaïev, qui avait alors 16 ans, a été victime d’un enlèvement, d’une détention au secret, d’actes de tortures et d’autres mauvais traitements, avant que les autorités lui imposent de présenter des « excuses » dans une vidéo, pour son implication dans la chaîne « Ossal Nakh 95 ».
Ces deux personnes ont ensuite été conduites à Nijni Novgorod, dans le centre de la Russie, mais ont de nouveau été appréhendées par la police tchétchène le 4 février 2021 dans un appartement qui leur avait été fourni par l’ONG russe Réseau LGBT, au cours d’une intervention s’apparentant à un enlèvement.