Myanmar. Le sommet de l’ANASE aux États-Unis doit servir de nouveau départ pour régler la crise des droits humains
Alors que les dirigeants de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) se réunissent aux États-Unis à l’occasion d’un sommet de deux jours, Amnistie internationale les exhorte à braquer le projecteur sur les violences et les violations des droits humains commises au Myanmar.
« Le Consensus en cinq points est un échec et n’a pas empêché l’armée du Myanmar de perpétrer davantage de violations des droits humains à l’encontre de la population du Myanmar après le coup d’État militaire de 2021 », a déclaré Emerlynne Gil, directrice régionale adjointe pour la recherche à Amnistie internationale.
« L’ANASE doit reconnaître que les violations des droits humains au Myanmar sont désormais devenues une préoccupation régionale. La violence perpétrée par l’armée du Myanmar contre sa propre population a non seulement créé un sentiment d’insécurité, mais a aussi mené à une détérioration de l’économie du pays. À l’heure actuelle, des milliers de personnes fuient, ou tentent de fuir, vers des pays voisins comme la Thaïlande et la Malaisie pour y chercher refuge, mais également pour y trouver un travail et nourrir leur famille.
« Les États membres de l’ANASE doivent formuler un plan plus détaillé afin d’amener l’armée du Myanmar à rendre des comptes pour les violations des droits humains commises et de répondre aux besoins urgents, notamment en s’engageant à respecter le principe du non-refoulement des réfugié·e·s qui fuient la violence, en facilitant l’aide humanitaire dont la population a désespérément besoin, et en joignant leurs voix aux appels pour un embargo mondial sur les armes. Les États membres de l’ANASE doivent également agir de manière bilatérale pour atteindre ces objectifs si aucun consensus n’est atteint au sein de l’Association.
« En tant qu’hôte de ce sommet, le gouvernement de Joe Biden doit mettre au centre des discussions les violations des droits humains qui ont lieu au Myanmar et plus largement dans la région. Les tendances régionales que nous observons ces dernières années - augmentation de la répression, contraintes imposées à la société civile et intolérance de la dissidence politique - sont à l’antithèse des valeurs d’ouverture et de liberté pour la zone Indo-Pacifique que le gouvernement des États-Unis s’est pourtant engagé à soutenir, et qui ne pourront jamais voir le jour si les droits humains sont ignorés. »
Complément d'information
Presque tous les dirigeants de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est devraient participer au sommet des 12 et 13 mai à Washington, qui marquera les 45 ans des relations entre l’ANASE et les États-Unis.
Min Aung Hlaing, qui a pris le pouvoir au Myanmar le 1er février 2021 dans un coup d’État, n’a pas été invité afin de marquer les mesures prises par le bloc pour se distancier du haut général, qui n’a pas mis en œuvre le Consensus en cinq points qu’il avait approuvé en avril 2021.
L’objectif principal du Consensus était de mettre fin aux violences contre les manifestant·e·s, d’apporter une aide humanitaire, et d’accroître le dialogue. Depuis son adoption, la situation au Myanmar n’a fait que se détériorer davantage. Depuis le début du coup d’État, l’armée du Myanmar a tué plus de 1 800 personnes, d’après un groupe d’observation, et elle a emprisonné plus de 10 000 personnes.
Des groupes de résistance armée se sont également formés en réaction à la répression sanglante, tandis que les manifestations pacifiques, bien que de moins grande ampleur qu’au début du coup d’État, ont continué d’avoir lieu malgré les risques élevés.
La dirigeante civile du Myanmar Aung San Suu Kyi, qui a été chassée du pouvoir aux petites heures de l’aube le jour du coup d’État, fait l’objet de toute une série d’accusations et de condamnations forgées de toutes pièces, de même qu’un grand nombre de ses alliés.