Myanmar. La résolution du Conseil de sécurité des Nations unies est un pas modeste mais néanmoins important pour combattre la crise des droits humains
Réagissant à l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies d’une résolution demandant enfin la fin des violences et la libération immédiate de toutes les personnes détenues arbitrairement, la secrétaire générale d’Amnistie internationale, Agnès Callamard, a déclaré :
« Avec l’adoption de cette résolution, le Conseil de sécurité a enfin fait un pas modeste mais néanmoins important vers la reconnaissance de la situation extrêmement grave au Myanmar. Le Conseil doit maintenant poursuivre sur cette voie en organisant des réunions régulières et ouvertes et en faisant appliquer ses exigences par de nouvelles résolutions en vertu du Chapitre VII. »
La résolution ne prévoit pas d’autres mesures pourtant nécessaires de toute urgence pour faire face à la situation dans le pays, notamment un embargo total sur les armes, des sanctions ciblées contre des dirigeants militaires responsables de graves atteintes aux droits humains et une saisine de la Cour pénale internationale.
« Les autorités militaires doivent se conformer à la résolution, mettre fin immédiatement aux violences et libérer les personnes détenues arbitrairement. Le Conseil doit en outre imposer un embargo total sur les armes, notamment sur le carburant destiné à l’aviation, ainsi que des sanctions ciblées contre des responsables militaires », a déclaré Agnès Callamard.
« Cette résolution doit constituer un message faisant savoir aux autorités militaires du Myanmar qu’elles ne peuvent pas continuer leurs graves violations des droits humains et leurs attaques contre des civil·e·s. Le Conseil les observe. »
Complément d’information.
Amnistie internationale continue d’appeler le Conseil de sécurité de l’ONU à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de la situation au Myanmar dès que possible, afin de commencer à prendre des mesures face à l’impunité qui règne tant pour les atrocités commises contre les Rohingyas que pour les crimes commis depuis le coup d’État de février 2021. Le Conseil n’a utilisé son pouvoir de saisir la CPI de situations d’atrocités que deux fois (Soudan et Libye) et doit maintenant la saisir de toute urgence de la très grave situation au Myanmar.
Près de deux ans après le coup d’État militaire de février 2021 au Myanmar, on compte plus de 1,4 million de personnes déplacées à l’intérieur du pays, 13 000 personnes détenues dans des conditions inhumaines, au moins 73 personnes dans le quartier des condamné·e·s à mort et 7,8 millions d’enfants déscolarisés.
D’après l’Association d’aide aux prisonniers politiques de Birmanie (AAPPB), l’armée du Myanmar a tué plus de 2 600 personnes depuis le coup d’État. Parmi les victimes figurent des manifestant·e·s pacifiques, des militant·e·s en faveur de la démocratie et d’autres civil·e·s. L’armée du Myanmar a ignoré de manière flagrante les appels à respecter les droits humains, y compris le consensus en cinq points adopté par l’ANASE, qu’elle s’était pourtant engagée à mettre en place en avril 2021.
Les atrocités commises depuis le coup d’État de l’année dernière s’inscrivent dans le sillon de la campagne de crimes contre l’humanité menée par l’armée du Myanmar en 2017, qui a provoqué la fuite de plus de 740 000 Rohingyas de l’État d’Arakan vers le Bangladesh face à une violente campagne d’exécutions extrajudiciaires, d’incendies et d’agressions sexuelles. Selon les estimations, un million de Rohingyas sont actuellement réfugiés au Bangladesh, et nombre de ces personnes ont vu leur village détruit dans l’État d’Arakan.