Myanmar. Des frappes aériennes meurtrières dans l’État kachin semblent relever d’une campagne d’attaques illégales
En réaction à l’information selon laquelle des frappes aériennes militaires auraient tué des dizaines de personnes au Myanmar, notamment des civil·e·s, lors d’un concert dans l’État kachin dimanche 23 octobre dans la soirée, Hana Young, directrice régionale adjointe à Amnistie internationale, a déclaré :
« Des chanteurs, des artistes et d’autres civil·e·s font partie des personnes qui ont perdu la vie lors des frappes aériennes de dimanche soir. Nous craignons que cet assaut ne s’inscrive dans une série d’attaques aériennes menées par l'armée qui ont tué et blessé des civil·e·s dans des zones contrôlées par des groupes armés.
« L’armée fait preuve d’un mépris impitoyable pour les vies civiles, dans un contexte d’intensification de sa campagne contre les opposant·e·s. On a du mal à croire que l’armée ne savait pas que de nombreux civil·e·s se trouveraient sur le lieu de l’attaque. L’armée doit immédiatement laisser des professionnel·le·s de la santé et des organisations humanitaires se rendre auprès des personnes affectées par ces frappes et d’autres civil·e·s dans le besoin.
« L’armée du Myanmar s’est rendue coupable d’atrocités de masse depuis le coup d’État de 2021, notamment d’homicides illégaux, d’arrestations arbitraires, d’actes de torture et de déplacements forcés de civil·e·s. Elle a pu perpétrer ces crimes du fait de la réaction internationale inadaptée face à une crise des droits humains qui ne cesse de s’aggraver.
« Alors que des représentant·e·s et des dirigeant·e·s de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANASE) s’apprêtent à accueillir des réunions de haut niveau dans les semaines qui viennent, cette attaque illustre la nécessité de remanier la démarche adoptée face à la crise au Myanmar. L’ANASE doit passer à la vitesse supérieure et élaborer un plan d’action plus robuste, afin que les dirigeants militaires mettent fin à cette répression accrue. »
Complément d’information :
Le 23 octobre, l’armée du Myanmar a lancé des frappes aériennes lors d’une représentation musicale près du village d’A Nan Pa, dans la municipalité de Hpakant (État kachin, nord du pays).
L’attaque aurait fait des dizaines de mort·e·s, mais Amnistie internationale n’a pas eu la possibilité de confirmer ces chiffres indépendamment. Parmi les personnes blessées et tuées figurent des civil·e·s, dont des artistes de renom qui se produisaient lors de cette manifestation. Ce concert a eu lieu dans le cadre des commémorations du 62e anniversaire de l’Organisation pour l’indépendance kachin (KIO).
La KIO est la branche politique de l’Armée pour l'indépendance kachin, qui contrôle la zone et affronte l’armée du Myanmar depuis des décennies.
Éprouvant des difficultés à conserver le contrôle du pays depuis qu’elle s’est arrogé le pouvoir lors du coup d’État du 1er février 2021, l’armée s’appuie de plus en plus sur sa puissance aérienne.
Dans un rapport diffusé en juillet, intitlé “Bullets rained from the sky”: War crimes and displacement in eastern Myanmar, Amnistie internationale a établi que l’armée du Myanmar a soumis des civil·e·s karens à des sanctions collectives par le biais d’attaques aériennes et terrestres de grande ampleur, de détentions arbitraires débouchant souvent sur des actes de torture ou des exécutions extrajudiciaires, et de pillages et d’incendies systématiques de villages.