Déclaration d’Amnistie internationale États-Unis sur la visite du secrétaire d’État américain en République démocratique du Congo et au Rwanda
En réaction à l’annonce du secrétaire d’État américain Antony Blinken qui va se rendre en République démocratique du Congo et au Rwanda, Kate Hixon, directrice du plaidoyer pour l’Afrique à Amnistie internationale États-Unis, a déclaré :
« Le voyage du secrétaire d’État américain Antony Blinken dans la région est un événement positif pour l’implication des États-Unis mais ne sera couronné de succès que si les droits humains sont au premier plan. L’escalade militaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) est dévastatrice pour la population civile. Lors de ses rencontres avec des responsables congolais et rwandais, Antony Blinken doit souligner l'importance du respect de leurs obligations découlant du droit international humanitaire et relatif aux droits humains et insister sur le fait que la justice et l’obligation de rendre des comptes pour des décennies de violations doivent s’inscrire dans une approche globale visant à enrayer le cycle de violence dans la région des Grands Lacs africains.
« Tout en reconnaissant les frustrations légitimes du peuple congolais face aux lacunes de l'ONU et des forces de la RDC s’agissant de garantir une réelle sécurité dans l'est de la RDC, le secrétaire d'État Antony Blinken doit insister auprès de ses homologues congolais sur l'importance de l'inviolabilité des locaux de l'ONU. Il doit demander aux responsables congolais d'enquêter sur les auteurs des récents actes de violence visant le personnel et les installations de l'ONU dans le Nord-Kivu et d’engager des poursuites le cas échéant. La mort de membres du personnel de l'ONU, de manifestants et de passants congolais, notamment lors des récents événements au cours desquels les forces de l'ONU ont ouvert le feu et tué au moins deux personnes au poste-frontière de Kasindi le 31 juillet, doit faire l'objet d'une enquête approfondie. »
Jean-Mobert Senga, chercheur sur la RDC à Amnistie internationale, a ajouté : « En RDC, il est impératif que le secrétaire d'État Antony Blinken évoque l'état de siège instauré dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Il doit au minimum demander au président Félix-Antoine Tshisekedi de révoquer les pouvoirs conférés aux tribunaux militaires pour poursuivre des civil·e·s, de lever toutes les restrictions imposées aux droits humains et de veiller à ce que l'état de siège ne devienne pas permanent en définissant une stratégie de sortie claire. En outre, il doit souligner l'importance de la liberté de la presse et l’interdiction de détenir arbitrairement des journalistes.
« Au Rwanda, le secrétaire d'État Antony Blinken doit saisir l’occasion pour demander au président Paul Kagame de s'abstenir de toute action qui pourrait déstabiliser davantage la région et mettre en danger des millions de civils dans l'est de la RDC. En outre, il doit faire pression auprès du président Paul Kagame au sujet des nombreuses violations des droits humains perpétrées au Rwanda, y compris les menaces et les restrictions auxquelles sont confrontés les défenseur·e·s des droits et les journalistes, et doit évoquer son inquiétude quant à l’incapacité du Rwanda à garantir un procès équitable dans l’affaire concernant Paul Rusesabagina. »