Iran | Ebrahim Raisi doit faire l’objet d’une enquête pour crime contre l’humanité
En réaction à l’annonce samedi 19 juin de la victoire d’Ebrahim Raisi à l’élection présidentielle en Iran, Agnès Callamard, secrétaire générale d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Le fait qu’Ebrahim Raisi ait accédé à la présidence au lieu de faire l’objet d’une enquête pour les crimes contre l’humanité que constituent les meurtres, les disparitions forcées et la torture, est un sombre rappel de l’impunité qui règne en maître en Iran. En 2018, notre organisation avait recueilli des informations sur la manière dont Ebrahim Raisi avait été un membre de la “commission de la mort”, qui avait soumis à des disparitions forcées et exécuté secrètement de façon extrajudiciaire des milliers de dissidents politiques dans les prisons d’Evin et de Gohardasht près de Téhéran en 1988. Les circonstances qui entourent le sort des victimes et le lieu où leurs corps sont enterrés sont, à ce jour, systématiquement dissimulés par les autorités iraniennes, ce qui s’apparente à un crime contre l’humanité qui perdure depuis cette date.
« En tant que responsable du pouvoir judiciaire en Iran, Ebrahim Raisi a dirigé une escalade de la répression des droits humains, au cours de laquelle des centaines de dissidents pacifiques, de défenseur·e·s des droits humains et de membres de minorités persécutées ont été arrêtés arbitrairement. Sous sa gouverne, le pouvoir judiciaire a également accordé une impunité généralisée aux responsables gouvernementaux et aux forces de sécurité responsables de l’homicide illégal de centaines d’hommes, de femmes et d’enfants et d’avoir soumis des milliers de manifestant·e·s à des arrestations de masse et pour des centaines d’entre eux, à des disparitions forcées, des actes de torture et d’autres mauvais traitements pendant et après les manifestations de novembre 2019 à travers le pays.
« L’accession à la présidence d’Ebrahim Raisi fait suite à un processus électoral qui s’est tenu dans un environnement extrêmement répressif et qui interdisait aux femmes, aux membres des minorités religieuses et aux candidats d’opposition à se présenter à l’élection.
« Nous continuons à demander à ce qu’Ebrahim Raisi fasse l’objet d’une enquête pour son implication dans des crimes de droit international passés et actuels, notamment par des États qui exercent leur compétence universelle.
« Il est plus urgent que jamais que le Conseil des droits de l'homme de l’ONU prenne des mesures concrètes pour lutter contre la crise de l’impunité systématique Iran, en établissant notamment un mécanisme impartial avec pour mission de collecter et d’analyser les éléments de preuve sur les crimes les plus graves au titre du droit international commis en Iran, afin de faciliter des procédures pénales équitables et indépendantes. »
Pour plus d'informations, voir :
Iran. Presidency of Ebrahim Raisi a grim reminder of the crisis of impunity