États-Unis | Le gouvernement de Joe Biden maintient l’accord signé par Donald Trump permettant la vente d’armes susceptibles de blesser et de tuer des civils au Yémen
En réaction à des informations selon lesquelles le gouvernement de Joe Biden a l’intention de mener à terme le projet de l’administration Trump de vendre des armes aux Émirats arabes unis pour un montant d’environ 23 milliards de dollars, Philippe Nassif, directeur du plaidoyer pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale États-Unis, a déclaré :
« Ce ne sont pas là des actions dignes d’un président soucieux de faire respecter les droits humains aux États-Unis et à l’étranger. Le fait que le gouvernement de Joe Biden poursuive, contre toute attente, le soutien sans faille du gouvernement précédent à la livraison d’armes susceptibles d’aggraver le désastreux bilan humain au Yémen, où des civils sont blessés et tués en toute illégalité par des armes de fabrication américaine, devrait susciter l’indignation de toute personne attachée au respect des droits humains.
« Les drones américains pourraient être responsables d’attaques des Émirats arabes unis qui violent le droit international humanitaire et tuent ou blessent des milliers de civils yéménites. Le gouvernement de Joe Biden doit résolument s’abstenir de fournir des armes qui pourraient être utilisées dans ce conflit et de transférer de l’armement aux Émirats arabes unis ; dans le cas contraire, il serait complice de probables crimes de guerre dans la région, notamment au Yémen. »
Complément d’information
Depuis le début des frappes aériennes de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis en mars 2015, Amnistie internationale s’est rendue dans huit gouvernorats, sur des dizaines de sites touchés, afin d’enquêter. À plusieurs reprises, l’organisation y a trouvé des restes de munitions fabriquées aux États-Unis. Elle a pu examiner des restes de bombes Raytheon Paveway de fabrication américaine qui ont frappé des hôpitaux, des écoles et des logements de civils, et tué des professionnel·le·s de la santé, des enseignant·e·s et des familles entières, dont des enfants âgés pour les plus jeunes de seulement deux ans.
La vente aux Émirats arabes unis est particulièrement préoccupante ; en effet, Amnistie internationale détient de nombreuses preuves montrant que ce pays a eu recours à des drones armés en Libye afin de contourner l’embargo des Nations unies sur les armes, en place depuis de nombreuses années. Il aurait manœuvré ces drones pour le compte des Forces armées arabes libyennes, un groupe armé qui contrôle de vastes zones de l’est de la Libye, dans le cadre du conflit contre le Gouvernement d’entente nationale soutenu par la communauté internationale. Les Émirats arabes unis ont utilisé ces drones pour cibler des habitations de civils et des infrastructures sanitaires, dont des hôpitaux de campagne et des ambulances, ce qui est d’autant plus inquiétant que le personnel médical, le matériel de transport sanitaire et les structures médicales (y compris celles où sont soignés des combattants blessés ou malades) font l’objet d’une protection spéciale dans le cadre du droit international humanitaire.
Amnistie internationale États-Unis demande aux États-Unis d’immédiatement cesser de transférer des armes, du matériel et de l’aide militaire à toutes les parties du conflit au Yémen, et de faire respecter l’embargo des Nations unies sur les armes en interdisant le transfert d’armes et de matériel susceptibles d’être utilisés dans le conflit armé dans ce pays.