États-Unis. La reconnaissance d’une frappe de drone américaine en Afghanistan est une avancée, mais il faut encore une enquête exhaustive pour établir les responsabilités
En réaction à l’annonce de l’armée américaine, qui a reconnu avoir tué 10 personnes dont sept enfants lors d’une frappe de drone à Kaboul le 29 août, Brian Castner, conseiller principal d’Amnistie internationale pour les situations de crise, a déclaré :
« Cet aveu constitue une étape importante vers le respect de l’obligation de rendre des comptes pour la frappe meurtrière de Kaboul, mais il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.
« Les États-Unis doivent maintenant s’engager à mener une enquête exhaustive, transparente et impartiale sur ces faits. Les personnes soupçonnées de responsabilité pénale doivent faire l’objet de poursuites dans le cadre de procédures équitables. Les survivants et les familles des victimes doivent être tenus informés de l’évolution de l’enquête et obtenir pleinement réparation.
« Il convient de souligner que l’armée américaine n’a été contrainte de reconnaître son erreur sur cette frappe qu’en raison de l’attention mondiale portée actuellement sur l’Afghanistan. De nombreuses autres frappes similaires en Syrie, en Irak et en Somalie ont eu lieu loin des projecteurs, dont les États-Unis continuent de nier leur responsabilité tandis que des familles effondrées souffrent en silence.
« Les États-Unis doivent cesser de procéder à des frappes illégales, enquêter systématiquement de manière approfondie sur toutes les allégations indiquant que des civils ont été tués ou blessés dans des attaques américaines et publier les résultats de ses investigations. »
Daphne Eviatar, directrice du programme Sécurité et droits humains à Amnistie internationale États-Unis, a déclaré :
« Le gouvernement Biden ne doit pas répéter les violations commises par les précédentes administrations et doit maintenant donner la priorité à la protection des civils. Joe Biden doit montrer qu’il se préoccupe vraiment des civils en prenant des mesures plus décisives afin d’éviter les victimes civiles lors de toute opération meurtrière de l’armée américaine, d’enquêter systématiquement et d’aider les personnes ayant subi un préjudice.
« Les populations, de l’Afghanistan à la Syrie, ne doivent plus être abandonnées à leur propre sort à la suite des frappes aériennes dévastatrices des États-Unis. L’application du droit international n’est pas une option pour les présidents des États-Unis ; elle doit être la norme. »
Complément d’information
Le 29 août 2021, une frappe de drone de l’armée américaine a tué 10 civils, dont sept enfants, dans un quartier résidentiel de Kaboul en Afghanistan.
Amnistie internationale demande que des réparations pleines et entières soient accordées aux proches des personnes tuées dans cette frappe et que des recours soient mis à disposition pour les nombreuses victimes civiles d’opérations militaires américaines au cours des dernières décennies et leurs familles – notamment sous la forme de mesures compensatoires, d’indemnités et d’une réadaptation.
L’organisation appelle également les autorités américaines à respecter le droit international lors de leurs opérations militaires, surtout au moment où le gouvernement du président Joe Biden examinerait, selon certaines sources, une politique relative à de possibles frappes aériennes en dehors des conflits armés.