• 28 juin 2021
  • Colombie
  • Communiqué de presse

Canada | Le Canada doit suspendre les exportations d'armes vers la Colombie

Profondément préoccupée par l'aggravation de la crise des droits humains en Colombie et par la répression militarisée des manifestations en cours dans le pays, Amnistie internationale Canada demande au gouvernement canadien de suspendre les exportations d'armes vers ce pays d'Amérique du Sud.

« Il est impératif que le Canada enquête et rende publiques des informations vérifiées de manière indépendante sur l'utilisation des exportations militaires canadiennes vers la Colombie », a déclaré France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone.

« À l'avenir, les exportations depuis le Canada d'équipements susceptibles d'être utilisés pour commettre des violations des droits humains doivent être suspendues jusqu'à ce que le droit de réunion pacifique et la liberté d'expression soient respectés, et que les forces de sécurité colombiennes se conforment pleinement au droit international et aux normes relatives à l'usage de la force. »

Dans le passé, les exportations militaires du Canada vers la Colombie ont déjà compris des hélicoptères et des véhicules blindés. À la lumière du bilan troublant de la police et de l'armée colombiennes en matière de droits humains, Amnistie internationale et d'autres organisations de défense des droits humains remettent en question ces exportations. 

En 2020, la valeur des exportations militaires canadiennes vers la Colombie était de 460 338,87 $, selon le rapport 2020 du gouvernement du Canada sur les exportations de marchandises militaires en provenance du Canada.

Depuis le début des manifestations nationales en Colombie, le 28 avril, Amnistie internationale a constaté un recours excessif à la force par les forces de sécurité colombiennes, qui a entraîné des violations des droits humains et des crimes au regard du droit international, notamment des disparitions forcées et des violences sexuelles assimilables à de la torture et à des mauvais traitements.

« Compte tenu des terribles violations des droits humains commises par les forces de sécurité contre les manifestants en Colombie, et conformément aux obligations internationales découlant du Traité sur le commerce des armes, le Canada doit immédiatement cesser la fourniture, la vente ou le transfert, directs ou indirects, d'équipements susceptibles d'être utilisés contre des civils », a déclaré Ketty Nivyabandi, secrétaire générale d'Amnistie internationale Canada anglophone.
 

Contexte 

Une grève nationale (Paro Nacional) a débuté le 28 avril en Colombie et s'est poursuivie par de multiples manifestations massives dans tout le pays. Le gouvernement a répondu aux protestations en déployant l'armée et l'escadron anti-émeute de la police (Escuadrones Móviles Antidisturbios de la Policía Nacional, ESMAD). 

À l'issue d'une enquête rigoureuse, d'une analyse et d'une vérification des preuves audiovisuelles, Amnistie internationale conclut que les forces de l'ordre colombiennes ont fréquemment eu recours à une force excessive et injustifiée pour contrôler les manifestations. En outre, l'organisation confirme que des agents ont procédé à des disparitions forcées et à des violences sexuelles, qui sont des crimes au regard du droit international. 

Depuis le début des manifestations en avril jusqu'au 16 juin, les organisations de la société civile colombienne ont recensé 4 285 actes de violence qui auraient été commis par les forces de sécurité colombiennes, dont 1 468 victimes de violences physiques, 215 victimes de coups de feu, au moins 43 personnes tuées (le rôle possible des forces de sécurité dans 21 autres homicides fait actuellement l'objet d'une enquête), 70 personnes blessées aux yeux, 28 cas de violences sexuelles et au moins 106 cas de violences liées au genre, entre autres. Au moins 1 832 personnes ont été détenues arbitrairement, et 346 personnes auraient disparu.
 

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