La déclaration du Canada sur les détentions arbitraires est un pas dans la bonne direction, mais ne va pas assez loin pour protéger les prisonniers à l’étranger
Amnistie internationale accueille favorablement l'initiative du gouvernement canadien, appuyée par 57 pays, qui condamne la détention arbitraire, pour des motivations politiques, de ressortissants étrangers incluant ceux ayant une double nationalité. Nous espérons que la mise en œuvre de cette nouvelle déclaration, annoncée lundi par le ministre des affaires étrangères Marc Garneau, sera suivie d'un plan de mise en œuvre contraignant.
Pour France-Isabelle Langlois, directrice générale d'Amnistie internationale Canada francophone, « une telle déclaration signée par un grand nombre de pays dans le monde permettra de faire pression sur les gouvernements pour qu'ils luttent contre la détention arbitraire ».
Amnistie internationale appelle les États à soutenir et à travailler avec les mécanismes multilatéraux des droits humains existants pour lutter contre la pratique des détentions arbitraires. « Nous suivrons de près le respect des principes de la déclaration par les États signataires, de même que leur refus de traiter avec des États qui pratiquent la détention arbitraire comme moyen de pression diplomatique », commente France-Isabelle Langlois.
Cette déclaration, ainsi que l'effort du Canada pour constituer une large coalition de pays afin de respecter les normes internationales en matière de droits humains, est un pas dans la bonne direction. Toutefois, le fait qu'elle se concentre sur la détention arbitraire pour des raisons diplomatiques, à savoir comme levier de négociation envers un gouvernement étranger, ne protège pas tous les prisonniers à l'étranger, met en garde Ketty Nivyabandi, secrétaire générale de la section canadienne anglophone d'Amnistie internationale : « toutes les formes de détentions arbitraires sont contraires au droit international. Il est important de souligner que les appels lancés dans cette déclaration, tels que sur l'État de droit et le respect des droits humains, y compris l'accès à des recours effectifs et la prévention de la torture et d'autres mauvais traitements, sont également applicables à toute détention arbitraire, quel que soit son intention ».