Le nombre de victimes augmente alors que les parties aux négociations de paix ne protègent pas les civil·e·s
Malgré les négociations de paix en cours, les civil·e·s continuent de payer le prix fort du conflit en Afghanistan, a déclaré Amnistie internationale, à la suite d’une série d’attaques sanglantes qui ont coûté la vie à au moins 50 personnes la semaine dernière.
Jeudi 22 octobre, quatre personnes ont été tuées et une dizaine d’autres blessées dans le district de Shareen Tagab, dans la province de Faryab, quand les talibans ont procédé à un tir de roquette sur un marché. Le même jour, 12 enfants ont perdu la vie et au moins 18 personnes ont été blessées quand une école a été touchée par une frappe aérienne de l’armée afghane dans la province de Takhar.
Ces dernières victimes en date s’ajoutent aux 180 civil·e·s tués et aux 375 autres blessés au cours du mois qui a précédé le 20 octobre, selon les chiffres du ministère afghan de l’Intérieur communiqués cette semaine.
« Alors que les parties au conflit mènent des négociations de paix, nous avons assisté au cours du mois qui vient de s’écouler à une nette montée de la violence, et comme toujours, c’est la population civile afghane qui en pâtit le plus »
« Le monde doit réagir et prendre acte de cette situation. Chaque jour, des civil·e·s afghans sont massacrés. Nous demandons à toutes les parties au conflit de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civil·e·s, et de respecter le droit international humanitaire. La communauté internationale doit faire de la protection des civil·e·s l’une de ses principales exigences en ce qui concerne son soutien au processus de paix. »
Les morts de cette semaine sont les dernières en date enregistrées au cours de ce mois sanglant pour les civil·e·s en Afghanistan. Le 17 octobre, sept civils ont été tués dans la province de Ghor par l’explosion d’une bombe placée en bordure de route. Le lendemain, à Feroz Koh, la capitale de la province de Ghor, 16 personnes ont été tuées et 125 autres blessées dans un attentat à la voiture piégée. Ensuite, le 20 octobre, dans le district de Jalriz et la province de Maidan Wardak, des engins explosifs posés en bordure de route ont tué 11 personnes et en ont blessé quatre autres.
D’intenses combats se poursuivent depuis 15 jours entre les forces du gouvernement afghan et celles des talibans à Lashkar Gah, capitale de la province d’Helmand, et des médias locaux ont indiqué que ces violences ont contraint au moins 40 000 personnes à s’enfuir de chez elles.
Selon la Mission d'assistance des Nations unies en Afghanistan (MANUA), au cours du premier semestre de 2020, 1 282 civil·e·s ont été tués et 2 176 autres blessés pendant le conflit.
Bousculade sanglante
Amnistie internationale demande également aux autorités afghanes et pakistanaises de coopérer afin de mettre en place de toute urgence une procédure sécurisée et efficace pour les Afghan·e·s qui veulent demander un visa pour pouvoir franchir la frontière, compte tenu de la très violente bousculade qui a eu lieu à Jalalabad le 21 octobre et au cours de laquelle 15 Afghan·e·s qui tentaient d’obtenir un visa médical pour entrer au Pakistan ont été tués.
Ces 11 femmes et 4 hommes dont la mort a été confirmée se trouvaient parmi une foule de plus de 3 000 personnes qui se sont rassemblées quand les autorités pakistanaises ont recommencé à délivrer des visas, la semaine dernière, après une interruption de sept mois due à la pandémie de COVID-19.
« Ces personnes ont perdu la vie alors qu’elles essayaient simplement d’obtenir des soins médicaux, qui sont devenus encore plus précieux dans ce contexte de pandémie, a déclaré Omar Waraich.
« Alors que des milliers d’autres personnes cherchent à franchir la frontière pour recevoir un traitement médical qui pourrait leur sauver la vie, il est absolument nécessaire que les autorités afghanes et pakistanaises coopèrent en vue de mettre en place rapidement une procédure de demande de visa sécurisée et efficace. »
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Le 14 octobre, Amnistie internationale a publié ce communiqué de presse demandant que les civil·e·s bloqués soient autorisés à sortir de Lashkar Gah en toute sécurité.