Confinés à l'isolement : les prisonniers d'opinion Raif Badawi et Waleed Abu Al Khair en grève de la faim
Montréal, le 19 décembre 2019
Amnistie internationale a reçu des informations crédibles selon lesquelles Raif Badawi aurait entamé une grève de la faim et aurait été confiné à l'isolement dans la prison de Dhaban, de même que son avocat, Waleed Abu al Khair, qui a également entamé une grève de la faim le 26 novembre dernier.
Amnistie internationale exhorte les autorités saoudiennes d'assurer la protection de Raif Badawi et Waleed Abu al Khair afin qu’ils ne soient pas soumis à de la torture ou tout autre mauvais traitement. Ils doivent également être en mesure de communiquer avec leurs familles ainsi qu'un avocat, et recevoir les soins médicaux nécessaires .
« Nous appelons le gouvernement canadien à renforcer les pourparlers avec l'Arabie saoudite et à jouer un rôle de leader en vue de la libération de Raif Badawi, dont la famille vit à Sherbrooke au Québec, ainsi que de la libération immédiate et sans condition de son avocat, Waleed Abu al Khair », a déclaré la directrice générale d’Amnistie internationale Canada francophone, France-Isabelle Langlois..
Complément d’informations
Waleed Abulkhair est un avocat et un défenseur des droits humains qui a représenté de nombreuses victimes de violations de droits humains en Arabie saoudite, dont Raif Badawi. Il a été condamné à 15 ans de prison en 2015, suivis de 15 ans d'interdiction de sortir du pays. Il est la première personne à être condamnée en vertu d'une loi anti-terroriste nébuleuse.
Raif Badawi, blogueur et défenseur des droits humains a été condamné en 2012 à 10 ans de prison, 1000 coups de fouet, et 290 000$ d’amende. En plus de cela, après avoir purgé sa peine, il lui sera interdit de quitter le pays ou d’utiliser les réseaux sociaux pendant dix ans. L’Arabie saoudite a organisé la première flagellation publique du prisonnier d’opinion le 9 janvier 2015, en lui infligeant 50 coups de fouets. Les autres séries de coups de fouet ont été reportées dû à la santé fragile de Raif, diabétique, et aux vives réactions de la communauté internationale pour empêcher cette pratique barbare.
Raif Badawi est devenu la cible des autorités saoudiennes après avoir créé un site internet faisant la promotion de la liberté d’expression sur des sujets relatifs aux droits humains, à l’égalité, aux droits des femmes ainsi qu’à d’autres questions sociales importantes.
En savoir plus sur les droits humains en Arabie saoudite
La situation des droits humains n’a cessé de se détériorer en Arabie saoudite, notamment depuis la mise en vigueur de la loi antiterroriste en février 2014. Le Royaume continue d’interdire les associations indépendantes de défense des droits humains et d’incarcérer leurs membres fondateurs, condamnés à de lourdes peines. En Arabie saoudite, la liberté d'expression, d'association et de réunion est soumise à des restrictions sévères. Des défenseurs des droits humains et des détracteurs du gouvernement ont été arrêtés, poursuivis et emprisonnés, le plus souvent à l'issu de procès inéquitable. Les tortures et mauvais traitements en détention sont monnaie courante.
Ainsi, Raif Badawi n’est pas le seul défenseur des droits humains saoudien emprisonné. Son avocat, le spécialiste des droits humains Waleed Abu al Khair, a été le premier condamné en vertu de la nouvelle loi sur le terrorisme, à l’issue d’un procès inique.
Depuis mai 2018, 13 militantes, dont Loujain al Hathloul, Samar Badawi et Naseema al Sada toujours derrière les barreaux, sont jugées en raison de leurs activités en faveur des droits humains et de leur travail pour promouvoir les droits des femmes. En outre, 14 écrivains, militants et membres de la famille de défenseurs des droits des femmes sont maintenus en détention sans jugement depuis avril 2019. La plupart sont des sympathisants du mouvement des droits des femmes.
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