• 2 avr 2020
  • Taiwan
  • Communiqué de presse

La deuxième exécution enregistrée dans le pays sous la présidence de Tsai Ing-wen constitue un terrible revers pour les droits humains

Taiwan a procédé le 1er avril à la deuxième exécution d’un condamné à mort enregistrée dans le pays depuis le début du mandat du président Tsai Ing-wen. L’exécution, par peloton d’exécution, a pris une heure, car le condamné a refusé de coopérer.

« Le fait que les autorités aient procédé à cette exécution le jour même où elles ont été complimentées dans le monde entier pour avoir donné 10 millions de masques afin de contribuer à la lutte contre le COVID-19 en Europe et aux États-Unis met en évidence une manœuvre visant cyniquement à faire oublier une mauvaise nouvelle », a déclaré E-Ling Chiu, directrice d’Amnistie internationale Taiwan.

M. Weng Jen-hsien, qui était âgé de 53 ans, a été condamné à mort en février 2019 et il a été exécuté à 9 heures le 2 avril, la veille de la journée nationale du Nettoyage des tombes, qui est un jour férié. Weng Jen-hsien a été condamné quatre fois à la peine capitale pour avoir provoqué un incendie dans lequel ont été tués six de ses proches, lors d’un rassemblement familial pour le réveillon de la nouvelle année lunaire, en 2016. L’évaluation de son état de santé mentale indique qu’il se tenait à l’écart de la société et qu’il avait des difficultés à avoir des interactions normales ou positives avec d’autres personnes.

Son cas a aussi été évoqué par le Premier ministre taïwanais, qui a déclaré que « l’affaire mettant en cause M. Weng représente le crime le plus grave et inacceptable correspondant à la catégorie de l’article 6 du PIDCP ». 

« Cet article du PIDCP (article 6.6) interdit d’invoquer l’une quelconque de ses dispositions pour retarder ou empêcher l’abolition de la peine capitale. Il est très regrettable de constater que le gouvernement taïwanais continue de procéder à des exécutions alors qu’il dit par ailleurs s’orienter vers l’abolition de ce châtiment », a déclaré E-Ling Chiu. 

Cette exécution semble avoir eu lieu en réaction à une affaire de meurtre très médiatisée, en mars, qui a suscité de vives critiques quant à l’abolition de la peine de mort. En mars, l’Alliance taïwanaise pour l’abolition de la peine de mort a fait l’objet d’une intense campagne d’intimidation et de harcèlement en ligne à la suite de ce meurtre.

« Le gouvernement taïwanais n’a guère pris de mesures pour éduquer la société et engager un dialogue sur la question de la peine de mort et en conséquence, des ONG de défense des droits humains et des proches de victimes n’exprimant pas un fort soutien pour la peine capitale continuent d’être victimes d’un harcèlement en ligne, a déclaré E-Ling Chiu.

« À chaque fois qu’il y a une affaire de meurtre, la société attaque les ONG abolitionnistes et de défense des droits humains, au lieu de demander au gouvernement des comptes au sujet de l’absence de système de protection sociale ou d’autres systèmes d’aide en faveur des personnes ayant besoin d’un soutien.

« Faute de stratégie et de programme clairs et efficaces, le pays ne réalise plus aucune avancée sur la voie de l’abolition. Le gouvernement taïwanais devrait promouvoir l’éducation aux droits humains et encourager un dialogue constructif entre les personnes ayant des opinions divergentes.

« Le discours dominant en faveur des exécutions n’a permis d’empêcher aucun crime. Le phénomène du harcèlement en ligne exercé contre des personnes qui ne soutiennent pas la peine de mort est non seulement nuisible pour l’abolition de ce châtiment, mais aussi préjudiciable pour la liberté d'expression et l’espace civique. »

La peine de mort est le châtiment le plus cruel, inhumain et dégradant qui soit. Amnistie internationale est opposée à la peine de mort en toutes circonstances, indépendamment des questions relatives à la culpabilité ou à l’innocence et quels que soient l’accusé, le crime commis et la méthode d’exécution. 

Amnistie internationale exhorte de nouveau le gouvernement de Taiwan à instaurer un moratoire sur les exécutions qui constituerait une première étape vers l’abolition de la peine capitale.

 

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