Les mesures adoptées par les gouvernements face à la COVID-19 doivent garantir la protection des droits des femmes et des filles
Les autorités en Afrique subsaharienne doivent veiller à ce que les mesures adoptées pour faire face à la pandémie de COVID-19 comprennent des dispositions visant spécifiquement à protéger les femmes, soulignent Amnistie internationale, Women's Link Worldwide et la Fédération internationale pour la planification familiale – Région Afrique (IPPFAR) dans un rapport rendu public le 7 mai.
Ce document constitue pour les gouvernements et les organisations régionales une feuille de route leur permettant de prendre les mesures nécessaires pour protéger les droits des femmes et des filles, qui sont souvent affectées de façon disproportionnée par les situations de crise. Il souligne l’obligation qui incombe aux États de garantir le droit de ne pas subir de discrimination et de violence, et appelle les gouvernements à garantir l’accès aux services, produits et informations essentiels en matière de santé sexuelle et reproductive pendant la pandémie.
« L’actuelle pandémie de COVID-19 a exacerbé la vulnérabilité des femmes et des filles. Leur santé et leur bien-être sont mis à mal par l’interruption des services essentiels en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment en ce qui concerne les conseils sur la contraception, la santé des mères et des enfants, les violences liées au genre, ainsi que des tests et traitements pour le VIH et les infections sexuellement transmissibles ; en outre, leurs moyens de subsistance et même leurs vies sont menacés quand des infractions sexuelles passent inaperçues et restent impunies, a déclaré Marie-Evelyne Petrus-Barry, directrice régionale pour l’IPPF-Afrique.
« Voilà pourquoi l’Union africaine, les commissions économiques et les gouvernements de la région, ainsi que les défenseur·e·s des droits des femmes doivent redoubler d’efforts pour que la santé et les droits des femmes et des filles en matière de santé sexuelle et reproductive soient protégés et respectés, et pour que les violations de ces droits soient documentées et prises en charge par les systèmes judiciaires. »
Nos organisations demandent aux gouvernements de prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour protéger les droits des femmes et des filles, en mettant en évidence les dangers spécifiquement liés au genre qu’engendre pour elles la pandémie de COVID-19.
Par exemple, le rapport insiste sur le droit de ne pas subir de violence ni aucune forme de torture ou traitement inhumain ou dégradant.
« Lors des périodes de crise ou de troubles telles que celle que nous vivons actuellement, les femmes et les filles risquent davantage de subir des violations de leurs droits. Et cela est d’autant plus vrai pour les femmes qui se trouvent déjà dans des situations de marginalisation. C’est pour cette raison que nous devons de façon urgente œuvrer pour que leurs droits soient respectés et garantis », a déclaré Viviana Waisman, présidente de Women’s Link Worldwide.
« Ces lignes directrices forment une feuille de route qui nous permettra de mener notre travail de surveillance et de plaidoyer, et d’engager les gouvernements à respecter leurs obligations et leurs engagements quant aux droits et à la vie des femmes et des filles pendant la pandémie de COVID-19. »
Le rapport indique que l’application de mesures telles que le couvre-feu, le confinement ou les restrictions en matière de déplacements risque de donner lieu à des brutalités et violences policières qui induisent le risque de violences sexuelles pour les femmes et les filles. Nous craignons également que la situation actuelle n’entraîne une augmentation du nombre de grossesses juvéniles, car cela a été observé en Sierra Leone à la suite de la mesure de confinement mise en place pour lutter contre la propagation de l'épidémie d'Ebola. Les gouvernements doivent instaurer pour les femmes et les filles des mesures de protection contre la violence sexuelle, et veiller à ce qu’elles aient accès aux services et produits liés à la santé sexuelle et reproductive.
Nos organisations demandent également une meilleure protection pour les femmes réfugiées ou migrantes. L’Afrique compte plus de 25,2 millions de personnes réfugiées ou déplacées à l’intérieur de leur pays et abrite quatre des six plus grands camps de réfugiés au monde, en Ouganda, au Kenya, en Tanzanie et en Éthiopie. Les camps de réfugiés dans la région sont généralement surpeuplés, avec des conditions de vie inadéquates qui mettent gravement en danger la santé de leur occupant·e·s.
« Alors que la COVID-19 se propage dans la région, des informations font déjà état d’une augmentation de la violence domestique à l’égard des femmes et des filles. En raison des restrictions appliquées aux déplacements, de l’isolement social et du confinement, il est encore plus difficile pour les femmes d’avoir accès à des services essentiels, tels que les soins de santé sexuelle et reproductive, et à une protection contre la violence domestique », a déclaré Samira Daoud, directrice régionale pour l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest à Amnistie internationale.
« Nous appelons les gouvernements de la région à agir de toute urgence afin d’empêcher que l’écart entre les genres ne se creuse davantage encore. Toute mesure adoptée pour lutter contre la pandémie de COVID-19 doit respecter et protéger les droits des femmes, notamment le droit de ne pas subir de violence, d’acte de torture et de mauvais traitements, et le droit d'avoir accès à la justice. »
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