Un militant politique détenu à plusieurs reprises pour avoir couvert des manifestations en ligne
Le 10 juin, Leonid Volkov, proche collaborateur de l’opposant russe Alexeï Navalny, a été condamné à 15 jours de détention administrative pour avoir soi-disant organisé un rassemblement contre la réforme des retraites à Saint-Pétersbourg le 9 septembre 2018. Il s’agit d’une violation flagrante de ses droits à la liberté d’expression.
Au titre de la loi russe excessivement restrictive, organiser un rassemblement « non autorisé », c’est-à-dire n’ayant pas reçu l’aval préalable des autorités, est considéré comme une infraction administrative. Toutefois, si cette infraction est commise trois fois en six mois, elle est alors considérée comme une infraction pénale passible d’une peine de prison.
Au moment du rassemblement en question, Leonid Volkov se trouvait à 700 kilomètres de Saint-Pétersbourg et encore plus loin de Moscou, dans un studio à Vilnius, en Lituanie. Il couvrait les manifestations pacifiques organisées à travers la Russie ce jour-là, en live sur sa chaîne YouTube. Le 22 mai, il a été condamné à 20 jours de « détention administrative » pour cette diffusion en tant qu’« organisateur » présumé de la manifestation à Moscou. Après avoir purgé cette peine en totalité, il a été immédiatement réarrêté et a dû purger 15 jours de détention supplémentaires pour la même « infraction », « perpétrée » cette fois-ci à Saint-Pétersbourg. Les journalistes présents dans la salle d’audience lors du procès de Leonid Volkov ont déclaré avoir vu la liste de six autres lieux où, selon la police, il a « organisé » des manifestations via sa chaîne YouTube. Si ces informations sont exactes, il encourt six autres procès et six autres peines de « détention administrative ». Il pourrait donc passer au total plus de quatre mois en détention.
Incarcérer des détracteurs du gouvernement, des défenseurs des droits humains et d’autres militants parce qu’ils ont manifesté pacifiquement dans les rues constitue une violation flagrante de leurs droits à la liberté de réunion pacifique et d’expression. La détention de Leonid Volkov au seul motif qu’il a diffusé des images et commenté le rassemblement est scandaleuse et son incarcération répétée pour la même « infraction » établit un dangereux précédent. Cette affaire montre que les autorités russes sont prêtes à exploiter des lois excessivement restrictives à des fins politiques.
Elles doivent cesser de qualifier de « non autorisés » les rassemblements pacifiques dont les organisateurs soumettent toutes les notifications préalables requises conformément à la loi, et s’abstenir d’invoquer ce motif pour empêcher leur déroulement. Les organisateurs de manifestations pacifiques ne doivent pas être poursuivis et ceux qui couvrent en ligne ces événements ne doivent pas être poursuivis pour avoir organisé des rassemblements non autorisés. En outre, les autorités ne doivent pas entraver la couverture de ces événements, que ce soit en ligne ou hors ligne. Enfin, être poursuivi deux fois pour la même infraction est une violation flagrante du droit à un procès équitable.
Leonid Volkov est un prisonnier d’opinion, jugé à plusieurs reprises et privé de ses droits humains uniquement en raison de ses activités politiques pacifiques. Il doit être libéré immédiatement et sans condition. En outre, les autorités russes doivent mettre fin à la répression qui s’exerce contre les militants et cesser de piétiner leurs droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et à la liberté. Il s’agit là de respecter leurs obligations aux termes du droit international relatif aux droits humains et de la Constitution russe.