Les autorités doivent libérer le ressortissant danois Dennis Christensen, prisonnier d’opinion et témoin de Jéhovah
Des porte-parole assisteront au procès et seront disponibles pour des entretiens.
Les autorités russes doivent libérer immédiatement et sans condition Dennis Christensen, ressortissant danois et témoin de Jéhovah jugé uniquement pour avoir exercé ses droits humains, notamment son droit à la liberté de religion, a déclaré Amnistie internationale à la veille d’un jugement qui doit être rendu dans le cadre de son affaire le 6 février par le tribunal du district de Jeleznodorojnyi, à Oriol.
La Cour suprême de Russie a statué en avril 2017 que toutes les communautés de témoins de Jéhovah devaient être fermées et ne devaient plus être autorisées à se réunir. Un mois plus tard, Dennis Christensen était arrêté : il s’agit du premier témoin de Jéhovah placé en détention en Russie à la suite de cette interdiction. Plusieurs adeptes de cette foi ont été arrêtés par la suite.
« Dennis Christensen a été arrêté et poursuivi en justice pour le simple fait d’avoir pratiqué sa religion en tant que témoin de Jéhovah. Son affaire illustre les graves violations des droits humains, notamment des droits à la liberté d’expression, de réunion pacifique et de religion, dans le pays. Les autorités russes doivent cesser de persécuter les quelques 175 000 témoins de Jéhovah qui ne font qu’exercer sans violence le droit de pratiquer leur culte, a déclaré Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale à Amnistie internationale.
« Elles doivent respecter, protéger, promouvoir et réaliser le droit à la liberté de religion, inscrit dans la Constitution russe et garanti par les traités relatifs aux droits humains auxquels la Russie est partie. Elles doivent mettre un terme aux mesures d’intimidation et de harcèlement visant les témoins de Jéhovah. »
Dennis Christensen est accusé d’avoir organisé des activités en lien avec une « organisation extrémiste ». S’il est déclaré coupable, il encourt jusqu’à 10 ans de prison.
Amnistie internationale considère Dennis Christensen et tous les témoins de Jéhovah privés de liberté uniquement pour avoir exercé sans violence leur droit de pratiquer la religion de leur choix comme des prisonniers d’opinion. Ils doivent être libérés immédiatement et sans condition et toutes les charges retenues contre eux doivent être abandonnées.
Par ailleurs, Amnistie internationale demande aux autorités russes de réviser la loi anti-extrémisme et les pratiques qui en découlent, afin qu’elle ne soit plus utilisée de manière arbitraire pour poursuivre en justice les détracteurs du gouvernement et les dissidents.
Complément d’information
Depuis 2009, les témoins de Jéhovah en Russie sont en butte à des mesures de persécution et de harcèlement au titre de la législation sur la lutte contre l’extrémisme. En avril 2017, la Cour suprême de Russie a statué en faveur de la fermeture de la congrégation des témoins de Jéhovah en Russie, de la cessation de ses activités et de la saisie de ses biens. Elle s’est appuyée sur des jugements précédents, notamment sur celui du bureau du procureur général, qui avait assimilé les témoins de Jéhovah à une organisation extrémiste au motif que des communautés locales de témoins de Jéhovah avaient enfreint la législation relative à la lutte contre l’extrémisme.
Dennis Christensen, ressortissant danois et témoin de Jéhovah qui réside en Russie depuis 1999, a été arrêté dans le cadre d’un raid de la police à la communauté d’Oriol le 25 mai 2017. Il est accusé d’avoir « géré les activités d’une organisation extrémiste ». Le 23 janvier 2019, le ministère public a requis contre lui une peine de six ans et demi dans une colonie pénitentiaire.
Selon les médias, depuis l’arrestation de Dennis Christensen, plus de 50 témoins de Jéhovah ont été accusés au titre de la législation relative à la lutte contre l’extrémisme. Des dizaines de témoins de Jéhovah sont détenus ou assignés à résidence. C’est le cas d’un autre étranger, le Polonais Andrzej Oniszczuk, arrêté avec quatre hommes à Kirov, dans le centre de la Russie, en octobre 2018.