La loi érigeant l’éducation sexuelle en infraction est « dangereusement régressive »
Avant le vote mercredi 16 octobre d’un projet de loi qui transformerait en infraction passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement l’éducation sexuelle, et même le fait de promouvoir l’éducation sexuelle, la directrice d’Amnistie internationale Pologne Draginja Nadazdin a déclaré :
« Cette loi dangereusement régressive favorisera la peur et l’ignorance, mettant ainsi les jeunes en danger. Ses conséquences se feraient sentir en-dehors des salles de cours, en aurait un effet terrorisant sur les enseignant·es, les militant·es et même les parents souhaitant aborder la question de la sexualité avec leurs enfants.
« L’éducation sexuelle permet d’informer les jeunes sur leur corps et sur des notions importantes comme les relations saines, le consentement, la contraception et la prévention des maladies sexuellement transmissibles.
« L’éducation sexuelle est d’autant plus essentielle en Pologne, où l’avortement n’est autorisé que dans des circonstances très restreintes. Ce projet de loi, qui associe l’homosexualité à la pédophilie, témoigne de l’homophobie préoccupante qui sous-tend la loi.
« La classe politique doit être maintenue en-dehors des salles de cours, et nous appelons les député·es à rejeter ce projet de loi. »
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Le parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir, est sorti vainqueur des élections législatives dimanche 13 octobre. Le PiS a néanmoins perdu sa majorité au Sénat où la Coalition civique (KO) a remporté 51 sièges contre 49 pour le PiS.
La Pologne a ratifié la Convention d’Istanbul, la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes et la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, et elle est tenue aux termes du droit international relatif aux droits humains d’offrir un accès à l’éducation sexuelle et aux informations sur ce sujet, et de remettre en cause les stéréotypes liés au genre au sein de la société.
Le projet de loi a été présenté à l’issue d’une longue campagne homophobe de six mois associant les personnes LGBTI à des pédophiles.
La loi pourrait mettre en danger la campagne « Parlons de consentement » d’Amnesty Pologne.