Les 121 personnes, dont des enfants et des bébés, bloquées en mer par une chaleur accablante doivent être autorisées à débarquer
La trentaine d’enfants, dont deux bébés, et les 90 hommes et femmes environ bloqués en mer par une chaleur accablante doivent être immédiatement autorisés à débarquer, a déclaré Amnistie internationale, alors que le bras de fer entre les autorités espagnoles, italiennes et maltaises et le navire de secours en mer d’une ONG entre dans sa deuxième semaine.
Malgré les préoccupations de plus en plus vives concernant leur bien-être, les autorités italiennes et maltaises refusent de les autoriser à débarquer en toute sécurité dans un de leurs ports. Les autorités espagnoles n’ont pas encore demandé officiellement aux institutions européennes de les aider à trouver une solution.
« Après une semaine passée en mer sous une chaleur écrasante, ces femmes, ces hommes et ces enfants qui ont risqué leur vie pour échapper aux atteintes aux droits humains commises en Libye doivent pouvoir débarquer immédiatement soit à Malte soit en Italie, a déclaré Maria Serrano, responsable du travail de recherche sur les migrations à Amnistie internationale.
« Alors que les inquiétudes concernant le bien-être des personnes à bord de ce navire se font de plus en plus vives, les responsables politiques manquent honteusement à leurs obligations découlant du droit international en refusant de laisser débarquer ces personnes dans un port sûr, alors qu’elles risquent d’être torturées si elles retournent en Libye, et qu’elles sont épuisées et ont besoin de soins et d’une protection. »
Sept jours après avoir été secourues en mer par le navire OpenArms de l’ONG Proactiva, 121 personnes, dont une trentaine d’enfants et deux bébés, se trouvent toujours à bord de ce navire surpeuplé, par une chaleur écrasante. Ce navire, qui bat pavillon espagnol, se trouve à environ 30 miles nautiques de l’Italie, entre Malte et Lampedusa.
Les personnes à bord ont été secourues les 1er et 2 août dans les eaux internationales, les premières à 78 miles nautiques de la Libye, et les deuxièmes à proximité de la zone maltaise de recherche et de sauvetage. Un grand nombre d’entre elles disent avoir subi des formes extrêmes de mauvais traitements durant leur détention en Libye, et certaines présenteraient des brûlures au troisième degré et des blessures par balle. Un homme au moins affirme avoir subi ces blessures pendant l’attaque du mois dernier contre le centre de détention de Tajoura, à Tripoli.
Ce bras de fer intervient alors que le Parlement italien vient d’adopter le deuxième « décret sur la sécurité » présenté par le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini. Ce nouveau texte, appelé « Decreto Sicurezza bis », prévoit que les navires de secours en mer privés qui entrent dans les eaux territoriales italiennes sans y avoir été autorisés peuvent se voir infliger une amende allant jusqu’à un million d’euros et être placés sous séquestre.
Il s’agit du dernier exemple en date de navire ayant secouru des personnes en Méditerranée centrale qui se retrouve bloqué et qui n’est pas autorisé à accoster dans le port sûr le plus proche. Le HCR et des rapporteurs spéciaux des Nations unies ont critiqué ces nouvelles mesures qui risquent de dissuader davantage encore les capitaines de navire de secourir des personnes alors que les États refusent dans une très large mesure de participer aux opérations de secours en mer en Méditerranée centrale. Un autre navire de l’ONG Proactiva, l’Astral, va partir d’Espagne samedi pour aller prêter assistance – notamment en apportant de la nourriture, de l’eau et des fournitures médicales – à l’Open Arms.
« Il est inacceptable qu’au large des plages sur lesquelles se prélassent des vacanciers, des bébés se trouvent bloqués en mer. Les États européens, à commencer par l’Italie et Malte, ont cyniquement affaibli le système de recherche et de sauvetage et se servent de personnes comme de pions pour négocier des politiques migratoires abusives, en se désintéressant de façon honteuse de la sécurité des personnes, a déclaré Maria Serrano.
« Il est grand temps que les gouvernements européens cessent de jouer avec la vie des personnes et qu’ils mettent en œuvre les moyens nécessaires pour que les opérations de recherche et de secours puissent être menées quand cela est nécessaire. Ils doivent se mettre d’accord de toute urgence sur un mécanisme de débarquement rapide et prévisible, conformément aux dispositions du droit international, et sur un système juste de répartition des demandeurs d’asile parmi les pays de l’Union européenne. »
Complément d'information
L’aspect injuste des règles européennes en matière d’asile (le règlement de Dublin) n’encourage pas un débarquement rapide. Ces règles déterminent quel pays est responsable de l’examen de la demande d’asile.
En général, c’est le pays par lequel la personne demandeuse d’asile a pénétré dans l’Union européenne qui a cette charge. De ce fait, un petit nombre de pays sont contraints d’étudier la majorité des demandes.