L’incendie du camp de Moria met en lumière l’échec lamentable du gouvernement et de l’UE en ce qui concerne la protection des réfugiés
Réagissant au terrible incendie qui a coûté la vie à une femme dans le camp de Moria, sur l’île grecque de Lesbos, le 29 septembre 2019, Massimo Moratti, directeur de la recherche sur l’Europe chez Amnistie internationale, a déclaré :
« L’incendie du camp de réfugiés de Moria, ainsi que la mort et les blessures qu’il a entraînées, ont mis en lumière l’échec lamentable du gouvernement et de l’UE en ce qui concerne la gestion de la situation déplorable des réfugiés en Grèce.
« Étant donné que 12 503 personnes vivent dans un camp conçu pour 3 000 et que des incendies se sont déjà déclarés par le passé dans le camp, les autorités ne peuvent pas nier que ce drame aurait pu être évité. Pour le seul mois de septembre, trois personnes sont mortes. »
« L’accord soi-disant phare entre l’UE et la Turquie n’a fait qu’aggraver la situation. Il a bafoué la dignité et les droits de milliers de personnes bloquées sur les îles de la mer Égée.
« Le camp de Moria est surpeuplé et dangereux. Les autorités grecques doivent immédiatement évacuer les personnes touchées par les événements du 29 septembre, leur fournir une assistance, notamment des soins médicaux, et accélérer le transfert des personnes demandeuses d’asile et réfugiées vers des logements adéquats sur le continent. D’autres États membres de l’UE doivent également apporter leur aide en acceptant de toute urgence des programmes de relocalisation afin de soulager la pression qui s’exerce sur la Grèce. »
Complément d’information
Ces dernières semaines, Amnistie internationale a été témoin d’une grave détérioration des conditions de vie des réfugiés sur les îles de la mer Égée, où plus de 30 000 personnes occupent actuellement les divers centres. Les camps n’ont pas été aussi surpeuplés depuis 2016 : Lesbos et Samos accueillent actuellement respectivement jusqu’à quatre et huit fois plus de personnes qu’elles n’ont les capacités d’accueillir. La situation des enfants sur les îles s’est également gravement détériorée : la mort d’un mineur afghan de 15 ans dans une « zone sûre » du camp de Moria témoigne du manque fondamental de sécurité pour les milliers d’enfants qui sont obligés de vivre dans ce « hotspot ».
D’après des déclarations publiques, le gouvernement grec aurait commencé, début septembre, à transférer des personnes demandeuses d’asile et réfugiées des îles vers des centres sur le continent. Ces transferts, organisés en coopération avec l’OIM, ne représentent cependant jusque-là que des mesures fragmentées.
Les autorités grecques ont annoncé le 30 septembre leur intention de procéder au transfert de 3 000 personnes d’ici la fin du mois d’octobre. Cependant, les arrivées augmentent depuis juillet 2019 et plus de 3 000 personnes sont arrivées la semaine dernière.
La politique visant à maintenir sur les îles de la mer Égée les personnes nouvellement arrivées reste inchangée, et ces mesures ne suffisent donc clairement pas à résoudre le problème des conditions dangereuses et indignes dans lesquelles les réfugiés et demandeurs d’asile ont été condamnés à vivre depuis la mise en œuvre de l’accord UE-Turquie.
Une récente récente déclaration (en grec) d’Amnistie internationale sur la situation des réfugiés en Grèce est disponible ici : https://www.amnesty.gr/news/press/article/22484/prosfygiko-na-milisoyme-epiteloys-gia-anthropines-zoes