Les charges forgées de toutes pièces contre un défenseur des droits humains doivent être abandonnées
À la veille de l'ouverture du procès de Tom Ciotkowski, un défenseur britannique des droits humains qui a recueilli des informations sur des violences policières commises contre des personnes migrantes et réfugiées et des bénévoles qui leur venaient en aide à Calais, Amnistie internationale demande instamment l'abandon de toutes les charges qui pèsent sur cet homme et appelle les gouvernements européens à cesser de traiter la solidarité comme une infraction.
Tom Ciotkowski risque jusqu'à cinq ans d’emprisonnement et une amende pouvant aller jusqu'à 7 500 euros pour des accusations forgées de toutes pièces. En juillet 2018, il a observé des CRS français qui empêchaient des bénévoles de distribuer de la nourriture à des personnes migrantes et réfugiées à Calais. Il a été inculpé d’« outrage et violence » après avoir protesté contre des violences commises par un policier contre une bénévole.
« Tom Ciotkowski est un jeune bénévole altruiste qui agissait pour venir en aide à des personnes migrantes et réfugiées quand il a été arrêté. Il n'a commis aucune infraction et est injustement pris pour cible pour avoir recueilli des informations sur le comportement violent de la police à Calais », a déclaré Maria Serrano, chargée de campagne sur les migrations à Amnistie internationale.
« Le cas de Tom Ciotkowski est malheureusement emblématique des actes de harcèlement, des tentatives d’intimidation et des attaques auxquels la police soumet des défenseurs et défenseures des droits humains qui œuvrent en faveur des personnes migrantes et réfugiées à Calais. Cette affaire reflète aussi, plus généralement, une tendance européenne à réprimer pénalement les actes de solidarité, afin de décourager d’autres personnes de défendre les droits humains.
« Les efforts des personnes et des ONG qui viennent en aide aux personnes en détresse devraient être applaudis, célébrés et soutenus, et non considérés comme des infractions. Les charges scandaleuses qui pèsent sur Tom Ciotkowski doivent être abandonnées. Nous avons plus que jamais besoin de personnes courageuses et altruistes comme lui. »
Le procès débutera à 8 h 30 le 13 juin 2019 au Tribunal de Boulogne-sur-Mer.
COMPLÉMENT D’INFORMATION
Fin juillet 2018, Tom Ciotkowski a observé des CRS en train de procéder à des contrôles d'identité sur des bénévoles qui tentaient de distribuer de la nourriture à des personnes migrantes et réfugiées à Calais. Un policier a poussé une personne bénévole et lui a donné un coup de pied, scène que Tom Ciotkowski a filmée sur son téléphone portable.
Comme le jeune homme protestait contre ce comportement, l'agent s'est approché de lui et d'une autre bénévole, qu'il a frappée avec sa matraque. Tom Ciotkowski a demandé à l'agent son matricule et lui a dit de ne pas s’en prendre à des femmes, mais le policier l’a poussé violemment vers l'arrière et Tom a basculé par-dessus une glissière de sécurité qui séparait le trottoir de la route, échappant de peu à un camion qui passait.
Tom Ciotkowski a ensuite été arrêté, maintenu en garde à vue pendant 36 heures et inculpé d’« outrage et violence ».
En mai 2019, Tom Ciotkowski a porté plainte contre le policier qui l'avait poussé et contre d'autres agents qui avaient fait des rapports contenant de fausses affirmations contre lui pour justifier son arrestation et les poursuites à son encontre.