Une femme transgenre soumise à une disparition forcée risque d’être victime de violences sexuelles et d’actes de torture
On craint de plus en plus pour la sécurité et le bien-être de Malak al Kashef, une femme transgenre appréhendée lors d’une descente de police à son domicile, à Guizeh, tôt mercredi 6 mars, et dont on est sans nouvelle depuis lors, a déclaré Amnistie internationale.
Malak al Kashef a été emmenée par des policiers dans un lieu secret. Ses avocats ne sont pas parvenus à retrouver sa trace, et des postes de police ont nié qu’elle se trouve en détention sous leur responsabilité.
« Il existe un risque réel que la sécurité physique et le bien-être psychologique de Malak al Kashef soient menacés. Il est établi que les autorités égyptiennes persécutent des personnes en raison de leur orientation sexuelle et de leur identité de genre, notamment en procédant à des examens rectaux forcés qui s’apparentent à des actes de torture », a déclaré Magdalena Mughrabi, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnistie internationale.
Amnistie internationale pense que l’arrestation de Malak al Kashef est liée à ses appels en faveur de manifestations pacifiques, après le grave accident de train ayant tué au moins 25 personnes à la gare centrale du Caire le 27 février.
« Malak al Kashef semble avoir été arrêtée uniquement parce qu’elle a exercé de manière pacifique ses droits à la liberté d'expression et de réunion pacifique. Au lieu de la retenir dans un lieu secret, les autorités doivent la libérer immédiatement et sans condition », a déclaré Magdalena Mughrabi.
« Du fait de son identité de genre, Malak al Kashef court un risque accru de torture aux mains de la police, et notamment de viol et de violences sexuelles, ainsi que d’agressions par les autres détenus. Les autorités égyptiennes sont responsables de sa sécurité physique et psychologique. Elles doivent immédiatement révéler où elle se trouve, et veiller à ce qu’elle soit protégée contre la torture et les autres formes de mauvais traitements, en attendant sa libération immédiate et sans condition. »
Des dizaines de personnes ont été arrêtées ces derniers jours en relation avec les manifestations antigouvernementales déclenchées par l’accident de train ayant fait au moins 25 mort·e·s et de nombreux blessé·e·s il y a quelques jours. Au moins 32 personnes sont maintenues en détention provisoire sur la base de charges infondées en rapport avec l’expression non violente de leurs opinions.
Malak al Kashef est une femme transgenre ayant subi des opérations chirurgicales d’affirmation sexuelle. Elle n’est cependant pas encore parvenue à faire officiellement reconnaître son identité de genre et est donc enregistrée comme homme dans les documents officiels. Ses avocats ont effectué des démarches auprès du parquet et du ministre de l’Intérieur afin d’obtenir des renseignements sur le lieu où elle se trouve.
Les autorités égyptiennes mènent depuis plusieurs années une sinistre campagne prenant pour cibles les personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, transgenres et intersexuées, et effectué des dizaines d’arrestations et d’examens rectaux forcés constituant des atteintes flagrantes au droit international.