Il faut empêcher l’exécution imminente de neuf condamnés à mort
Les autorités doivent annuler immédiatement l’exécution de neuf détenus, dont Amnistie internationale a appris qu’ils pourraient être mis à mort dès mercredi 20 février au matin. Ces neuf hommes ont été déclarés coupables à l’issue d’un procès inique relatif à l’homicide de l’ancien procureur général, en 2015, et ont été transférés de leurs cellules vers la prison d’appel en prévision de leur exécution. Durant ce procès, certains des accusés ont déclaré qu’ils avaient été soumis à une disparition forcée, et qu’on les avait torturés afin de leur faire « avouer » ce crime.
Najia Bounaim, directrice du travail de campagne pour l'Afrique du Nord à Amnistie internationale, a déclaré :
« Le temps presse pour sauver la vie de ces neuf hommes. Les autorités égyptiennes se voient offrir l’occasion d’agir de manière juste, en annulant immédiatement tout projet visant à procéder à ces exécutions.
« Les personnes impliquées dans des agressions meurtrières doivent bien évidemment être poursuivies en justice et rendre des comptes pour leurs agissements, mais exécuter des prisonniers ou condamner des personnes sur la base d’"aveux" arrachés sous la torture n’a rien à voir avec la justice.
« La peine de mort est un châtiment cruel, inhumain et irréversible, et son utilisation en Égypte est d’autant plus déplorable qu’il est établi que les autorités ont prononcé des condamnations à mort à l’issue de procès manifestement iniques. Au moins six hommes ont
déjà été exécutés ce mois-ci après avoir fait l’objet de procès inéquitables. Au lieu de multiplier les mises à mort, les autorités égyptiennes doivent prendre des mesures afin d’abolir la peine capitale une bonne fois pour toutes. »
Complément d'information
Ces neuf prisonniers faisaient partie d’un groupe de 28 hommes condamnés à mort pour l’homicide de l’ancien procureur général lors d’une agression ayant eu lieu au Caire en juin 2015. Plusieurs d’entre eux ont affirmé qu’on les avait soumis à une disparition forcée et à des actes de torture dans le but de les contraindre à « avouer » ce meurtre.
Le 25 février 2018, la Cour de cassation a confirmé le jugement prononcé contre ces neuf hommes, et a commué la peine de six autres en réclusion à perpétuité. Treize autres hommes ont été condamnés par contumace, et un d’entre eux a été renvoyé de force en Égypte depuis la Turquie en janvier. Aux termes du droit égyptien, les personnes condamnées par contumace ont le droit d’être rejugées une fois en détention.
Pour l’instant, au moins six personnes ont été exécutées en Égypte en 2019 à l’issue de procès entachés par des allégations de torture.
Amnistie internationale s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances, quelles que soient la nature du crime commis, les caractéristiques de son auteur et la méthode d’exécution utilisée par l’État. La peine de mort est une violation du droit à la vie.