Les autorités doivent cesser de nier les faits et donner des réponses aux victimes des terribles violations perpétrées au Xinjiang
En réaction à une nouvelle « fuite » de documents officiels du gouvernement chinois – les « China Cables » – qui révèlent en détail la mise en place de centres qui ont conduit à des atteintes aux droits humains commises contre des centaines de milliers de membres de groupes ethniques à majorité musulmane dans les camps de détention de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, Lisa Tassi, directrice des campagnes pour l’Asie de l'Est à Amnistie internationale, a déclaré :
« Les dénégations persistantes de la Chine au sujet de l’existence de centres de détention au Xinjiang sont de plus en plus vaines face aux preuves qui ne cessent de s’accumuler. Cette dernière fuite est une nouvelle preuve de la persécution systématique des minorités ethniques et religieuses en Chine, dans des proportions qui font froid dans le dos.
« Les atteintes aux droits humains décrites dans ces documents correspondent aux témoignages poignants qu’Amnistie internationale a recueillis auprès d’anciens détenus des camps d’internement en masse au Xinjiang et de proches de personnes toujours disparues.
« Au fil des semaines, le monde en apprend toujours davantage sur l’horreur que la Chine inflige à ses propres citoyens au Xinjiang. Il est temps que le gouvernement chinois renonce à son contre-discours peu convaincant et cesse notamment d’affirmer qu’il dispense une " formation professionnelle " aux prisonniers dans ces camps. Il doit apporter immédiatement des réponses aux centaines de milliers de personnes qui veulent désespérément savoir ce qu’il est advenu de leurs proches.
« Si la Chine n’a rien à cacher, elle devrait autoriser des observateurs indépendants de la situation des droits humains à se rendre sans délai et sans entrave au Xinjiang – ce qu’elle a constamment refusé de faire jusqu’à présent, malgré les demandes répétées d’Amnistie internationale et d’autres.
« Ces révélations accablantes devraient inciter la communauté internationale à renforcer la pression sur les autorités chinoises afin de mettre un terme à cette catastrophe liée aux droits humains. »
Complément d’information
Dans la synthèse publiée en 2018 sous le titre 'Where Are They?', Amnistie internationale a montré que le gouvernement chinois mène une campagne de plus en plus intense d’internements en masse, de surveillance intrusive, d’endoctrinement politique et d’assimilation culturelle forcée à l’encontre des Ouïghours, des Kazakhs et des autres groupes ethniques à majorité musulmane qui vivent au Xinjiang.
La plupart des familles de personnes détenues ne sont pas informées du sort réservé à leurs proches et ont souvent trop peur pour protester.
La politique d’internement des membres de minorités ethniques majoritairement musulmanes dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang s’est intensifiée depuis mars 2017 et l’adoption d’un « règlement relatif à la lutte contre l’extrémisme » par le gouvernement régional. Aux termes de ce texte, les démonstrations publiques ou même privées d’appartenance religieuse et culturelle, parmi lesquelles les barbes « anormales », le port d’un voile ou d’un foulard, les prières régulières, le jeûne, le fait de s’abstenir de boire de l’alcool, ou encore la possession de livres ou d’articles relatifs à l’islam ou à la culture ouïghoure, peuvent être considérées comme « extrémistes ».
Les autorités affirment que ces mesures extrêmes sont indispensables pour lutter contre le « terrorisme » et assurer la sécurité nationale.
Les documents divulgués le 24 novembre, obtenus par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et partagés avec 17 médias internationaux, révèlent que le gouvernement chinois a mis en place un système de structures donnant lieu à des atteintes aux droits humains commises contre des centaines de milliers de membres de groupes ethniques majoritairement musulmans soumis à des séances de « lavage de cerveau » et d’autres mauvais traitements dans les camps de détention au Xinjiang. Déjà, la semaine dernière, 400 pages de documents internes du gouvernement chinois ont « fuité » et ont été adressés au New York Times.