Les débats politiques stériles doivent céder la place à une véritable action en faveur des droits humains
Les dirigeants de la région des Amériques doivent mettre fin aux débats politiques stériles et renforcer leur travail et leur engagement en faveur de la protection des droits humains, a déclaré Amnistie internationale dans une lettre ouverte aux chefs d’État présents à la 49e Assemblée générale de l’Organisation des États américains à Medellín, en Colombie.
« Les dirigeants de la région des Amériques doivent redoubler d’efforts pour faire face aux grands défis dans la région. Cette région est la plus dangereuse du monde pour les défenseur·e·s des droits humains, particulièrement pour les personnes qui défendent la justice climatique et l’environnement. Elle est également le théâtre de deux graves crises des droits humains, au Nicaragua et au Venezuela », a déclaré Erika Guevara-Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnistie internationale.
L’année dernière, 241 personnes ont été tuées pour avoir défendu les droits humains dans les Amériques, ce qui représente plus des deux tiers des défenseur·e·s des droits humains tué·e·s dans le monde. Au cours de la même période, plus de 300 personnes ont été tuées et plus de 700 ont été poursuivies en justice au Nicaragua. Dans le même temps, l’aggravation de la crise des droits humains au Venezuela a poussé plus de 4 millions de personnes à fuir leur pays, et, cette année, près de 1 000 personnes ont été arrêtées et des centaines d’autres ont été tuées pendant des manifestations. De nombreuses autres personnes ont en outre été soumises à des actes de torture et d’autres mauvais traitements pour être descendues dans les rues pour exiger le changement.
« Avec de tels enjeux dans la région des Amériques, les États doivent prendre des engagements clairs et précis en vue de protéger les défenseur·e·s des droits humains, notamment en ratifiant sans délai l’Accord d’Escazú. Ils doivent également renforcer leurs appels à la vérité, à la justice et aux réparations pour toutes les victimes des graves crises des droits humains au Nicaragua et au Venezuela, et veiller à ce que des mesures efficaces de protection soient mises en place pour les personnes fuyant le Venezuela et à ce que l’aide humanitaire parvienne aux personnes qui se trouvent toujours dans le pays », a déclaré Erika Guevara-Rosas.
Amnistie internationale appelle également les États à respecter l’autonomie et l’indépendance du système interaméricain des droits humains, alors que quatre nouveaux commissaires aux droits humains seront nommés lors de l’Assemblée générale.
Ces demandes interviennent après la publication par cinq pays de la région, en avril 2019, d’une déclaration recommandant un « renforcement du système interaméricain des droits humains », déclaration qui a été largement rejetée et qualifiée de tentative d’affaiblir la Cour interaméricaine des droits de l’homme et la Commission interaméricaine des droits de l’homme.
« Si les États sont réellement déterminés à faire face aux dures réalités dans les Amériques, ils doivent modifier leur approche et mettre fin aux débats politiques stériles et aux tentatives inquiétantes d’affaiblir le système interaméricain des droits humains, et prendre au lieu de cela des mesures concrètes en faveur des droits humains de chacun et chacune dans la région », a déclaré Erika Guevara-Rosas.
Une délégation d’Amnistie internationale sera présente à la 49e Assemblée générale de l’Organisation des États américains et des porte-parole seront disponibles pour des entretiens.