Réduire la mission de l'ONU n'est pas envisageable alors que les attaques se poursuivent au Darfour
À la veille d'un vote crucial au Conseil de sécurité de l'ONU le 30 juin, qui examinera la restructuration et la réduction des effectifs de la mission conjointe Union africaine – Nations unies au Darfour (MINUAD), Amnistie internationale publie des images satellite et des photos exclusives qui montrent les dégâts très importants causés par des attaques contre les villages de la région.
Les images montrent au moins 18 villages dans l'est de la région du Djebel Marra, au Darfour, incendiés par les forces gouvernementales et les milices alliées au cours des trois derniers mois. Ces images corroborent les récits de témoins, recueillis précédemment par Amnistie internationale auprès des habitants de 13 villages touchés.
« Le Conseil de sécurité de l'ONU ne doit pas et ne peut pas abandonner à son sort la population du Darfour en réduisant la MINUAD, leur seule source de sécurité, a déclaré Joan Nyanyuki, directrice du programme Afrique australe, Corne de l’Afrique et Grands Lacs à Amnistie internationale.
« Pour des centaines de milliers de Darfouriens déplacés, les pillages et les incendies de leurs habitations rendent tout retour au village inimaginable. »
Entre mars et mai 2018, les forces gouvernementales et les milices progouvernementales, particulièrement les Forces de soutien rapides (RSF), ont attaqué et incendié des villages dans le sud-est du Djebel Marra lors d'opérations militaires menées contre la faction Abdel Wahid de l’Armée de libération du Soudan (ALS/AW).
Entre 12 000 et 20 000 habitants ont dû fuir en raison de ces attaques et vivent actuellement dans des grottes, dans les montagnes du Djebel Marra, dans des conditions extrêmes et sans avoir accès à une assistance humanitaire.
« Le gouvernement soudanais manque à son devoir de protection envers ses citoyens, et cela doit changer. De son côté, le Conseil de sécurité de l'ONU doit prolonger le mandat de la MINUAD afin de protéger et de sauvegarder la vie et les droits humains des habitants du Darfour », a déclaré Joan Nyanyuki.
Plus de 1,5 million de personnes déplacées dans la région du Darfour, au Soudan, ne peuvent toujours pas rentrer chez elles, 15 ans après le début du conflit.