La mission de l'ONU doit redoubler d'efforts pour protéger les civils alors que les violences se poursuivent
La Mission des Nations unies au Soudan du Sud (MINUSS) doit redoubler d'efforts pour protéger les civils contre les violences absurdes qui gangrènent le pays depuis plus de quatre ans et rendre compte publiquement de la situation des droits humains, a déclaré Amnistie internationale le 14 mars 2018.
La mission de l'ONU, dont le mandat devrait être prolongé demain, a un rôle crucial à jouer pour assurer la protection indispensable des civils et rendre compte publiquement de la situation des droits humains dans le pays.
« Avec le conflit qui se poursuit au Soudan du Sud, marqué par des violations des droits humains, la perspective pour les civils de rentrer chez eux ou d'être réinstallés demeure ben lointaine. Les sites de protection des civils mis en place par la MINUSS sauvent la vie de centaines de milliers de personnes qui ont désespérément besoin de protection, a déclaré Joan Nyanyuki, directrice régionale d'Amnistie internationale pour l’Afrique de l’Est, la Corne de l’Afrique et les Grands lacs.
« Sa mission dans le pays devant être prolongé, la MINUSS doit continuer de veiller à ce que les sites de protection des civils demeurent un refuge dans le contexte des violences qui se déchaînent. »
Amnistie internationale demande à la MINUSS d'étendre sa protection aux civils dans d'autres régions en dehors de la capitale, touchées par les combats et où l'aide humanitaire est plus que jamais nécessaire.
En outre, la mission de l'ONU doit renforcer sa capacité à protéger les civils sud-soudanais contre les crimes de violence sexuelle, à l'intérieur comme à l'extérieur des sites de protection des civils.
En février 2018, une unité de policiers de l'ONU chargés d'assurer la sécurité de l'un de ses sites de protection des civils à Wau, au Soudan du Sud, a été accusée de s'être livrée au commerce du sexe avec des femmes placées sous leur protection. La MINUSS a rappelé les 46 membres de cette unité et ouvert une enquête sur leur conduite.
« La MINUSS doit prendre des mesures décisives concernant toutes les violations des droits humains commises par ses membres et amener les soldats de maintien de la paix à rendre des comptes à la suite de ces accusations d'exploitation et d’atteintes sexuelles », a déclaré Joan Nyanyuki.
Complément d’information
La MINUSS a été mise en place en 2011 avec pour mandat initial de contribuer à créer les conditions du développement dans la République du Soudan du Sud, indépendante depuis peu. En mars 2014, son mandat, axé sur le maintien de la paix et la reconstruction de l'État, a été modifié pour se concentrer sur la protection des civils, l’accès à l'aide humanitaire et la surveillance et le suivi de la situation des droits humains dans le pays.
Depuis le début du conflit au Soudan du Sud en décembre 2013, les civils subissent des souffrances indicibles. Les forces gouvernementales et de l'opposition utilisent la privation de nourriture comme une arme de guerre, restreignant l'accès des civils des à la nourriture et contribuant de ce fait à la grave insécurité alimentaire.
Malgré la signature de l'accord de cessation des hostilités le 21 décembre 2017, les forces du gouvernement et de l'opposition se battent toujours dans différentes régions du pays.