Les membres de peuples indigènes pris pour cibles alors que les expulsions forcées se poursuivent en dépit des engagements du gouvernement
Le gouvernement du Kenya ne doit pas rompre sa promesse de respecter les droits des peuples indigènes des forêts, qui continuent d'être soumis à des expulsions forcées et de voir leurs biens détruits et leur mode de vie traditionnel bafoué, a déclaré Amnistie internationale à l'occasion de la Journée internationale des peuples autochtones.
En avril de cette année, le président Kenyatta, répondant à une question au sujet des expulsions de communautés autochtones vivant dans des forêts, a déclaré : « Nous ne voulons pas interférer avec les communautés traditionnelles qui vivent là. Nous avons beaucoup fait pour permettre aux populations vivant dans ces secteurs, qui utilisent ces sites pour leurs droits traditionnels, de continuer d'exercer leurs pratiques. »
« Au lieu de respecter les droits à la terre du peuple sengwer de la forêt d’Embobut, et des Ogieks du mont Elgon et de la forêt de Mau, et de travailler avec eux en tant que partenaires pour la conservation de ces sites, le gouvernement s'obstine à vouloir appliquer une politique basée sur le modèle de la « forteresse », totalement dépassée, en matière de protection de l'environnement. Ce n'est pas en confiant au seul Office national des forêts la charge de la protection des forêts que ces forêts ainsi que les réserves d'eau pourront être protégées », a déclaré Irungu Houghton, directeur d'Amnistie internationale Kenya.
En avril de cette année, une Équipe spéciale mandatée par le gouvernement a découvert que l'Office national des forêts avait « supervisé une destruction aveugle de forêts kenyanes », et « systématiquement procédé à un pillage et un saccage des réserves d'eau ».
Les violences commises contre les Sengwers par des agents de l'État se poursuivent. En juillet, des représentants des Sengwers ont signalé que des agents de l'Office national des forêts avaient démoli les maisons de trois familles, volé 100 000 shillings kenyans (1 000 dollars des États-Unis) et détruit les biens de ces familles. Les maisons étaient situées en dehors de la zone forestière officielle. L'on craint que les Sengwers ne soient pris pour cibles dans leur ensemble en raison de leur opposition aux expulsions forcées dans la forêt d'Embobut.
La semaine dernière, des unités des Forces spéciales du gouvernement se sont rassemblées devant la forêt d'Embobut pour lancer une opération de lutte contre le vol de bétail, qui a causé la mort de quatre personnes au cours des dernières semaines. Compte tenu de ce qui est arrivé dans le passé, de nombreux Sengwers craignent que cette opération ne soit utilisée comme prétexte pour procéder à l'expulsion forcée de personnes menant une vie paisible dans la forêt.
En janvier, l'Union européenne a suspendu le financement d'un projet de lutte contre le changement climatique mené dans la forêt d'Embobut pour un montant de 3,6 milliards de shillings kenyans (36 millions de dollars des États-Unis) après qu'un Sengwer eut été tué et un autre grièvement blessé lors d'une opération conduite par l'Office national des forêts visant à procéder à l'expulsion forcée de Sengwers.
En mai, Amnistie internationale a publié un rapport montrant que la force, parfois meurtrière, a été largement utilisée contre les Sengwers. Il souligne également les graves failles qui affectent le processus de prise de décision pour les expulsions forcées de Sengwers vivant sur leurs terres ancestrales dans la forêt d'Embobut.
L'an dernier, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples a estimé que le gouvernement kenyan avait violé les droits humains des Ogieks en les chassant de leurs terres ancestrales dans la forêt de Mau.