• 8 Aoû 2025
  • Bangladesh
  • Communiqué de presse

Bangladesh. Le rejet de l’action contre Shahidul Alam est une bonne nouvelle, mais des progrès supplémentaires sont nécessaires en matière de liberté d’expression

Réagissant à la décision de la Haute Cour du Bangladesh de rejeter l’action engagée en 2018 au titre de la draconienne Loi sur les technologies de l’information et de la communication (LTIC) contre Shahidul Alam, photographe, militant des droits sociaux et prisonnier d’opinion selon Amnistie internationale, Isabelle Lassee, directrice de la recherche pour l’Asie du Sud à Amnistie internationale, a déclaré :

« Cette issue pour Shahidul Alam n’a que trop tardé. Shahidul Alam, que nous avons déclaré être un prisonnier d’opinion pendant sa détention, n’aurait de toute manière jamais dû être arrêté au titre de la LTIC. Il a été pris pour cible uniquement pour avoir critiqué le recours excessif à la force et la répression exercée par les autorités bangladaises contre des étudiant·e·s qui ont manifesté pour réclamer des routes plus sûres en 2018.

« Son cas est emblématique d’une tendance qui voit les autorités bangladaises instrumentaliser des lois telles que la LTIC, abrogée en 2018, ainsi que la Loi sur la sécurité numérique (LSN) et la Loi sur la cybersécurité (LCS) remplacées par l’Ordonnance sur la cybersécurité en mai 2025, afin de réprimer la liberté d’expression, en ciblant particulièrement celles et ceux qui critiquent le gouvernement.

« La répression des droits à la liberté d’expression et de réunion pacifique au Bangladesh a culminé l’an dernier avec la violente répression de manifestations étudiantes, qui, selon les estimations de l’ONU, pourrait avoir fait 1 400 morts.

« Il est impératif que le gouvernement par intérim du Bangladesh corrige le tir en ce qui concerne la répression systémique et violente de la liberté d’expression et de réunion pacifique dans le pays. Une première étape consisterait à veiller à ce que la législation soit conforme au droit et aux normes internationaux relatifs aux droits humains, et à traduire en justice les fonctionnaires soupçonnés d’avoir participé à l’usage excessif de la force contre des manifestant·e·s et aux mauvais traitements infligés à des détenu·e·s pendant leur garde à vue, notamment ceux qui ont donné des ordres. De telles stratégies n’ont pas leur place dans le pays alors que le Bangladesh s’oriente vers ce que beaucoup espèrent être une société plus équitable et respectueuse des droits.

« De plus, les autorités doivent permettre à Shahidul Alam d’obtenir réparation pour les épreuves qu’il a subies pendant sa détention de plus de 100 jours en raison d’accusations liées à la liberté d’expression, notamment pour les actes de torture qu’il aurait subis en détention. »

Complément d’information

Shahidul Alam a été arrêté par les autorités bangladaises le 5 août 2018 au titre de l’article 57 de la draconienne Loi sur les technologies de l’information et de la communication en raison de commentaires qu’il avait faits lors d’un entretien avec Al-Jazeera English au sujet des manifestations étudiantes pour la sécurité routière et de l’usage excessif de la force par les autorités.

S’il avait été condamné, Shahidul Alam aurait pu encourir jusqu’à 14 ans d’emprisonnement. Shahidul Alam a affirmé avoir été torturé pendant sa détention.

Amnistie internationale l’a déclaré prisonnier d’opinion en septembre 2018.

Il a été libéré le 20 novembre 2018, cinq jours après que la Haute Cour lui eut accordé la libération sous caution. Le 7 août 2025, la Haute Cour du Bangladesh a rejeté l’action contre Shahidul Alam.