• 19 Mar 2018
  • Italie
  • Communiqué de presse

La saisie du bateau de sauvetage d’une ONG témoigne d’un « profond mépris pour la décence la plus élémentaire »

Réagissant à la saisie du bateau de sauvetage d’une ONG espagnole par les autorités italiennes le 18 avril et à l’enquête ouverte sur les membres de l’équipage pour « association de malfaiteurs en vue de favoriser l'immigration clandestine » après qu’ils ont refusé de remettre aux garde-côtes libyens les réfugiés et migrants qui avaient été secourus dans les eaux internationales à plus de 70 miles marins de la côte libyenne, Fotis Filippou, directeur des campagnes pour l'Europe à Amnistie internationale, a déclaré :

« En demandant aux garde-côtes libyens de coordonner les opérations de sauvetage et en saisissant ensuite le navire de l’ONG qui refusait de remettre les réfugiés et migrants, les autorités italiennes ont fait preuve d’un profond mépris pour la décence la plus élémentaire. Les ONG qui sauvent des vies en mer devraient être soutenues, et non pas poursuivies pour avoir essayé de sauver des réfugiés et des migrants fuyant les conditions de détention épouvantables et les atteintes aux droits humains systématiques en Libye.

« Les autorités italiennes révèlent une fois de plus leurs réelles priorités : fermer la route de la Méditerranée centrale, sans se soucier des souffrances que cela entraîne. Il semble que cela marque une nouvelle étape vers l’externalisation aux garde-côtes libyens des opérations de patrouille en Méditerranée centrale.

« Il est grand temps que les gouvernements européens revoient les termes de leur coopération avec la Libye en ce qui concerne la migration. Leur complicité cruelle avec des passeurs, des criminels et des tortionnaires doit cesser et la sécurité et les droits des réfugiés, des demandeurs d’asile et des migrants doivent être la priorité. »

Complément d'information

Le navire de sauvetage Open Arms a été immobilisé le 18 mars au port sicilien de Pozzallo et les autorités italiennes ont déclaré qu’elles enquêtaient sur le groupe, qui est soupçonné d’association de malfaiteurs en vue de favoriser « l'immigration clandestine ».

Contrairement aux précédentes opérations de sauvetage en Méditerranée centrale, qui étaient généralement coordonnées par les garde-côtes italiens, les autorités italiennes ont déclaré que les opérations de sauvetage menées le 16 mars avaient été coordonnées par les garde-côtes libyens, qui ont reçu des vedettes de patrouille, des formations et un soutien de la part de plusieurs gouvernements et institutions de l’Union européenne ces derniers mois. Les réfugiés et migrants interceptés par les garde-côtes libyens sont débarqués en Libye et immédiatement conduits dans des centres de détention, où de graves violations des droits humains ont été constatées maintes fois, notamment des détentions arbitraires, des actes de torture et des mauvais traitements ainsi que de l’exploitation.

Les gouvernements européens doivent imposer comme condition préalable à leur soutien que les autorités libyennes mettent fin à la politique de détention arbitraire et illimitée de réfugiés, de demandeurs d’asile et de migrants, qu’elles reconnaissent le HCR et qu’elles lui permettent d’exercer pleinement son mandat dans le pays. Les gouvernements européens doivent également proposer des possibilités suffisantes de réinstallation pour les réfugiés coincés en Libye, mettre en place une surveillance efficace des opérations des garde-côtes libyens et, surtout, veiller à ce que les personnes secourues en mer ne soient pas renvoyées en Libye tant que la protection de leurs droits ne peut être garantie.