Les nouveaux plans concernant la politique d’immigration sont « dangereux et égoïstes »
Les dirigeants de l’Union européenne (UE) ont choisi la peur plutôt que la compassion en approuvant les conclusions du Conseil qui pourraient nuire à des hommes, des femmes et des enfants parmi les plus vulnérables au monde, a déclaré Amnistie internationale vendredi 29 juin.
Cet accord rendu public vendredi matin présente de nouvelles propositions pour la politique d’immigration, prévoyant notamment des « centres contrôlés » pour les demandeurs d’asile et les migrants dans les États de l’UE et des « plateformes de débarquement régionales » pour débarquer les personnes secourues en mer en dehors de l’Europe.
« Après s’être querellés pendant plusieurs jours, les dirigeants européens sont finalement parvenus à s’entendre sur une série de politiques dangereuses et égoïstes qui pourraient exposer des hommes, des femmes et des enfants à de graves abus, a déclaré Iverna McGowan, directrice du Bureau d’Amnistie internationale auprès des institutions européennes.
« Le sommet de cette semaine était l’occasion de réparer un système d’asile européen défaillant et de mettre en place des politiques basées sur l’équité, l’efficacité et la compassion. Au lieu de cela, les dirigeants européens ont choisi de se prêter aux exigences des gouvernements xénophobes qui veulent à tout prix maintenir l’Europe fermée, et de rejeter toujours plus de responsabilité vers des pays situés hors de l’UE.
« Les projets visant à enfermer les personnes qui atteignent les côtes européennes dans des centres "contrôlés" sont pour le moins alarmants. Les dirigeants européens s’orientent vers une politique consistant à détenir les personnes qui viennent chercher la sécurité en Europe. Cette politique serait très éloignée des principes fondateurs de l’UE en matière de solidarité et de respect des droits humains. »
Le Conseil a en outre échoué à adopter des mesures décisives contre les terribles violations des droits humains que subissent les réfugiés et les migrants en Libye, notamment du fait du soutien de l’UE aux autorités libyennes. Les gardes-côtes libyens, soutenus par l’UE, interceptent de plus en plus de gens en mer et les ramènent dans des centres de détention où ils subissent torture, exploitation et viols.
Le nombre de personnes détenues arbitrairement dans ces centres s’est récemment élevé à environ 9 000.
Avec Malte et l’Italie fermant leurs ports aux bateaux de sauvetage des ONG, abandonnant des jours durant des réfugiés et des migrants à la dérive, le besoin de plans de débarquement prévisibles, d’une réforme du système de Dublin et de voies sûres et légales offrant d’autres solutions que les itinéraires dangereux se fait plus urgent que jamais.