• 13 Sep 2018
  • Communiqué de presse

L’accord de financement des expulsions qui pourrait être conclu entre les États-Unis et le Mexique est une honte

L’intention de l’administration Trump de payer le gouvernement mexicain des millions de dollars pour qu’il expulse les migrants en situation irrégulière est dangereuse et ne doit pas se concrétiser, a déclaré Amnistie internationale jeudi 13 septembre. La réaction de l’organisation fait suite à un article du New York Times paru le 13 septembre qui indique que le gouvernement américain a proposé au Congrès des États-Unis d’allouer 20 millions de dollars d’aide extérieure pour l’expulsion d’au moins 17 000 migrants en situation irrégulière par les autorités mexicaines.

« Il est totalement déraisonnable pour un pays doté des ressources que possèdent les États-Unis d’externaliser ses obligations internationales consistant à protéger des vies humaines, et de créer un mur d’inhumanité avec le Mexique », a déclaré Erika Guevara Rosas, directrice du programme Amériques d’Amnistie internationale.

Le jour même, des représentants du gouvernement mexicain auraient affirmé publiquement qu’ils refuseraient de recevoir cet argent des États-Unis. Néanmoins, une fois approuvés dans le cadre de l’Initiative de Merida, rien ne garantit que les fonds alloués pour les expulsions ne seront pas utilisés. Ces promesses orales doivent être suivies d’une action concrète.

En effet, le financement proposé pour les expulsions serait intégré dans l’Initiative de Merida, un programme d’aide extérieure des États-Unis au Mexique qui est actualisé chaque année par le Congrès américain. Ce serait la première fois que des fonds sont expressément alloués dans le cadre de l’Initiative de Merida pour l’expulsion de migrants en situation irrégulière et de demandeurs d’asile.

« Au lieu de focaliser la coopération internationale sur la résolution de la crise des droits humains dans la région, le Mexique et les États-Unis continuent de discuter des moyens d’augmenter le nombre de placements en détention et d’expulsions de familles et d’individus qui n’ont d’autre choix pour survivre que de fuir des pays gravement touchés par la violence, tels que le Salvador, le Nicaragua, le Venezuela et le Honduras, sans parler des réfugiés originaires d’autres régions du monde. »

Amnistie internationale a récemment publié un rapport qui démontre que le gouvernement mexicain ne satisfait pas à ses obligations, au regard des traités que le pays a signé, en matière de respect des droits des personnes qui ont besoin d’une protection internationale.

Si les États-Unis venaient à financer les expulsions du Mexique, des milliers de vies seraient en danger.

« Le gouvernement mexicain doit honorer sa tradition en tant que pays de migrants et refuser d’appliquer un traitement inégal aux personnes qui traversent son territoire. Ce financement des expulsions doit être exclu immédiatement, et le Congrès américain doit jouer son rôle pour y veiller. »

Pour en savoir plus :

 Mexico isn’t only a country where deportees are sent – it’s also a country that deports people illegally (Nouvelle, 16 mars 2018)

https://www.amnesty.org/en/latest/news/2018/03/mexico-no-es-solamente-un-pais-de-deportados-sino-un-pais-que-deporta-ilegalmente/

Facing Walls: USA and Mexico’s violation of the rights of asylum seekers (Rapport, 15 juin 2017)

https://www.amnesty.org/download/Documents/AMR0164262017ENGLISH.PDF