Le dirigeant d’un groupe d’opposition est détenu au secret
En réaction à des informations selon lesquelles José Daniel Ferrer García, dirigeant de l’Union patriotique de Cuba (UNPACU), un groupe d’opposition politique non officiel, a passé la semaine dernière en détention sans pouvoir communiquer avec sa famille, Erika Guevara-Rosas, directrice pour la région des Amériques à Amnistie international , a déclaré :
« Amnistie international est vivement préoccupée par les informations selon lesquelles José Daniel Ferrer García, dirigeant d’un groupe opposition, est détenu au secret. Harcelé et menacé par les autorités cubaines depuis plus de 10 ans en raison de son militantisme politique, il a précédemment été emprisonné. Les autorités doivent lui permettre immédiatement de s’entretenir avec un avocat de son choix et autoriser sa famille à lui rendre visite.
« À l’heure où le nouveau gouvernement cubain lance des réformes juridiques, et notamment constitutionnelles, il doit montrer au monde qu’il respecte les obligations qui lui sont faites de concrétiser les droits humains et les garanties d’une procédure régulière pour l’ensemble des Cubains, y compris les voix les plus critiques. »
Selon son frère, Luis Enrique Ferrer García, José Daniel et son collègue Ebert Hidalgo Cruz ont été arrêtés le 3 août à la suite d’un accident de la route qui aurait impliqué un membre en civil des forces de sécurité de l’État. Ils se trouvent semble-t-il en détention à Santiago de Cuba, au poste de police dit de « Micro 9 », où seule la famille d’Ebert Hidalgo Cruz a pu se rendre, selon une vidéo rendue publique par l’UNPACU.
Complément d’information :
Amnistie international a déjà adopté José Daniel Ferrer comme prisonnier d'opinion par le passé, en même temps que 74 autres personnes emprisonnées en 2003 uniquement pour avoir exprimé leurs opinions de manière pacifique. Il a bénéficié d’une libération conditionnelle en mars 2011, et a été visé par plusieurs arrestations depuis lors.
Eduardo Cardet Concepción, autre dirigeant du mouvement en faveur de la démocratie, coordonnateur du Mouvement chrétien de libération, médecin et prisonnier d'opinion adopté par Amnistie international , est lui aussi maintenu en détention. En mai, les autorités carcérales ont suspendu le droit de visite de sa famille pour une période de six mois. Eduardo Cardet Concepción a été arrêté dans la ville de Holguín (est de Cuba) le 30 novembre 2016, après avoir critiqué l’ancien président Fidel Castro peu après sa mort. Il a été poursuivi pour outrage à un représentant de l’État et condamné à trois ans d'emprisonnement.
L’opposition politique et les groupes de défense des droits humains de Cuba sont persécutés de longue date par l’État. Des charges forgées de toutes pièces pour des infractions de droit commun sont souvent utilisées afin de harceler, menacer et arrêter des opposants politiques dans le pays.
Pour en savoir plus :
Cuba. Le changement de gouvernement doit amorcer une nouvelle ère pour les droits humains (Article, 16 avril 2018)
Transform confrontation into dialogue: a human rights agenda for Cuba (Rapport, 16 avril 2018)
https://www.amnesty.org/fr/documents/amr25/8186/2018/en/
“Your mind is in prison”: Cuba’s web of control over freedom of expression and its chilling effect on everyday life (Rapport, 16 novembre 2017)
https://www.amnesty.org/fr/documents/amr25/7299/2017/en/
Cuba. Dix ans après une répression massive, les militants cubains déplorent l’absence de libertés fondamentales (Nouvelle, 18 mars 2018)