La libération anticipée du prisonnier d'opinion Ilgar Mammadov aurait dû avoir lieu depuis longtemps
Réagissant aux informations selon lesquelles un tribunal azerbaïdjanais a libéré le militant politique Ilgar Mammadov après cinq ans d’emprisonnement et l’a condamné à deux ans de prison avec sursis, Marie Struthers, directrice d’Amnistie internationale pour l’Europe de l’Est et l’Asie centrale, a déclaré :
« Les poursuites motivées par des considérations politiques sont devenues un trait caractéristique de la « justice » en Azerbaïdjan. Le cas d'Ilgar Mammadov est devenu emblématique de l'injustice persistante et des représailles brutales dont font l’objet les personnes qui critiquent le gouvernement, des dizaines d'entre elles étant toujours derrière les barreaux, sans espoir de bénéficier d'un procès équitable.
« Nous réclamons la libération immédiate et inconditionnelle d'Ilgar Mammadov depuis plus de cinq ans. La Cour européenne des droits de l'homme a statué qu'il devait être libéré, mais Bakou a ignoré cette décision contraignante, ainsi que les appels répétés du Conseil de l'Europe à la respecter. Les autorités azerbaïdjanaises doivent annuler immédiatement la déclaration de culpabilité d'Ilgar Mammadov et veiller à ce qu'il reçoive des réparations appropriées, notamment une indemnisation, pour son emprisonnement illégal. »
Complément d’information
Ilgar Mammadov a été arrêté le 4 février 2013 pour incitation à des violences de grande ampleur après s'être rendu, afin de rendre compte de la situation, sur les lieux d'émeutes qui avaient éclaté la veille dans le nord-ouest de l’Azerbaïdjan. Un an plus tard, il a été condamné à sept ans d’emprisonnement.
Le 13 août 2018, la cour d'appel de Shaki a réexaminé sa peine. La cour a remplacé les deux dernières années de la peine de sept ans d'emprisonnement à laquelle Ilgar Mammodov avait été condamné par une peine avec sursis.
Les autorités azerbaïdjanaises ont ignoré plusieurs demandes du Conseil de l'Europe appelant à sa libération à la suite d'un arrêt de la Cour européenne des droits de l'homme, qui avait statué qu'Ilgar Mammadov avait été poursuivi et emprisonné sans preuve et que le véritable objectif de son incarcération était de le réduire au silence ou de le punir pour avoir critiqué le gouvernement.
Le 7 décembre 2017, le Comité des ministres du Conseil de l'Europe a lancé une procédure d'infraction contre l'Azerbaïdjan. C'était la première fois que l'organisation recourait à cette procédure.