Aucune campagne de relations publiques ne saurait camoufler la répression sous la houlette du prince « réformateur »
L’offensive de relations publiques lancée par l'Arabie saoudite pour redorer son image, ternie par la répression accrue contre la liberté d'expression et les bombardements au Yémen, ne dupe personne, a déclaré Amnistie internationale le 29 mars 2018, à l’occasion du lancement d’une campagne de publicité satirique qui invite les autorités saoudiennes à ne pas confondre relations publiques et droits humains.
Dans le cadre de cette action, l'organisation mondiale de défense des droits humains remet en cause la campagne médiatique énergique de l'Arabie saoudite qui accompagne les visites officielles du prince héritier Mohammed ben Salmane au Royaume-Uni et aux États-Unis.
La campagne de pubs d'Amnistie internationale démarre alors que le prince héritier poursuit son opération de séduction auprès de responsables politiques, de hauts représentants de l'industrie de la défense, de directeurs d'Hollywood et de leaders de la Silicon Valley au cours d'un voyage de trois semaines, de la côte Est à la côte Ouest des États-Unis, où il a été accueilli par le président Donald Trump.
« La mécanique la mieux huilée du monde en matière de relations publiques ne saurait escamoter le bilan désastreux de l'Arabie saoudite en termes de droits humains. Le prince héritier est présenté comme un réformateur, alors qu’on assiste à un durcissement de la répression contre les voix dissidentes dans son pays depuis sa nomination en juin dernier, a déclaré Samah Hadid, directrice des Campagnes au sein d’Amnistie internationale pour le Moyen-Orient.
« Si le prince héritier Mohammed ben Salmane a vraiment l'intention d'être un " réformateur ", il doit mettre fin à la répression systématique visant les femmes, les minorités et les défenseurs des droits humains, ordonner la libération immédiate et inconditionnelle de tous les prisonniers d'opinion et cesser de recourir à la peine de mort. »
L'une des publicités d’Amnistie internationale présente la photo d'un homme aux yeux bandés, sur le point d'être décapité en Arabie saoudite. Sur la légende, on peut lire : « Si c'est comme ça que votre pays rend justice, vous allez avoir besoin d'une très très bonne agence de relations publiques. »
Une autre publicité parodie une annonce de recrutement qui recherche « un chargé de relations publiques talentueux, capable de détourner l'attention du monde de la persécution infligée aux militants des droits humains, de la torture dans les prisons, des châtiments corporels et de l'homicide de civils au Yémen, imputables à l'Arabie saoudite, notre principal client ».
« L'Arabie saoudite veut que le monde se focalise sur ses dons d'aide humanitaire au Yémen, alors que dans la pratique, la coalition qu’elle dirige commet de graves violations du droit international en bombardant des écoles, des hôpitaux et des habitations civiles, exacerbant l'une des plus graves crises humanitaires du monde », a déclaré Samah Hadid.