Afrique du Sud. Les auteurs présumés du « pillage » de l'argent des pauvres doivent rendre des comptes
À la suite de la publication du rapport intitulé ‘The Great Bank Heist’ (L'immense casse de la banque) sur la corruption systémique de la banque mutualiste Venda Building Society (VBS) Mutual Bank, Shenilla Mohamed, directrice d'Amnistie internationale Afrique du Sud, a déclaré :
« Ce rapport dépeint un tableau ahurissant du pillage de fonds publics favorisé par la collusion entre des cadres de la banque, des personnes politiquement exposées (PPE) et des auditeurs sans scrupules.
« La fraude à grande échelle et le pillage qui se sont produits à VBS, comme l’indique le rapport, auront de graves conséquences pour les personnes les plus vulnérables de la société, les populations rurales et les " stokvels " (groupes d’épargne communautaire), qui ont confié à la banque leur argent durement gagné.
« Nous sommes face à la plus grande trahison des pauvres parmi les pauvres, dans un pays marqué par de forts niveaux d'inégalité entre les nantis et les démunis. Conformément aux recommandations du rapport, les autorités doivent mener dans les meilleurs délais une enquête approfondie sur les allégations de corruption et, lorsque des éléments de preuve suffisants existent, engager des poursuites pénales et juger les personnes soupçonnés d'être impliquées dans des actes répréhensibles, dans le cadre de procès équitables. »
Complément d’information
L'avocat Terry Motau a été chargé par la Banque centrale sud-africaine d'enquêter sur la crise des liquidités à la VBS le 13 avril 2018. Cette intervention a fait suite à la découverte par la banque centrale de manquements en lien avec les autorités de contrôle au niveau des liquidités de la banque. Entre autres, Terry Motau a enquêté afin de déterminer si certaines activités de la VBS ont été menées avec l'intention de spolier les déposants ou d'autres créditeurs de la banque, ou avec toute autre motivation frauduleuse.
Le rapport révèle que les auteurs présumés du pillage chez VBS – des cadres de la banque et des représentants du monde des affaires, des auditeurs et des responsables politiques peu scrupuleux – sont repartis avec plus de 120 millions d’euros. Cette somme se compose en grande partie de dépôts des habitants pauvres des campagnes sud-africaines, qui ont placé leurs économies, et de l'argent des contribuables investi par les municipalités. Celles-ci ont en effet investi des fonds destinés à la prestation de services, ce qu'elles ne sont pas autorisées à faire aux termes de la loi.