Yémen. Les autorités doivent enquêter sur la mort en détention d’un employé humanitaire de l’ONU détenu arbitrairement
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Les autorités yéménites doivent enquêter sans délai sur la mort en détention d’un membre du personnel humanitaire du Programme alimentaire mondial (PAM), détenu arbitrairement depuis le 23 janvier 2025 dans un centre de détention dirigé par les Houthis dans le nord du Yémen, a déclaré Amnistie internationale le 12 février 2025. Le nom de cet employé n’a pas été officiellement divulgué.
« L’annonce de la mort en détention d’un travailleur humanitaire des Nations unies dans un centre de détention dirigé par les Houthis est consternante. Une enquête indépendante, efficace et impartiale doit être menée sans délai sur les circonstances de son décès, a déclaré Diala Haidar, chercheuse sur le Yémen à Amnistie internationale.
« Les autorités houthies de facto recourent régulièrement à la torture et à d’autres mauvais traitements dans leurs centres de détention, ce qui fait craindre que ce travailleur humanitaire ne soit mort des suites d’actes de torture ou de mauvais traitements.
« Cette mort en détention avive également les craintes pour la sécurité et le bien-être de toutes les personnes maintenues en détention arbitraire dans les centres dirigés par les Houthis, dont plus de 65 membres du personnel des agences des Nations Unies et des organisations de la société civile yéménite et internationale. Les autorités houthies de facto doivent immédiatement libérer toutes les personnes qu’elles détiennent arbitrairement, y compris uniquement en raison de leurs activités humanitaires ou de défense des droits humains. »
Pendant deux semaines à partir du 31 mai 2024, les Houthis ont mené une série de raids dans les zones qu’ils contrôlent, arrêtant arbitrairement 13 employé·e·s de l’ONU et au moins 50 employé·e·s d’organisations yéménites et internationales de la société civile. À ce jour, seuls trois d’entre eux ont été libérés – un membre du personnel de l’ONU et deux employé·e·s d’ONG. Entre le 23 et le 25 janvier 2025, les Houthis ont procédé à une nouvelle vague d’arrestations, détenant arbitrairement huit membres du personnel de l’ONU, y compris l’homme dont la mort a été signalée le 11 février. Tous sont détenus sans inculpation, et sans possibilité de consulter un avocat ou de communiquer avec leur famille.
« Les vagues d’arrestation visant les travailleurs·euses humanitaires et les membres de la société civile, locaux et internationaux, aggravent une situation humanitaire déjà catastrophique au Yémen, où au moins 80 % de la population dépend de l’aide pour survivre, selon l’ONU. Et ce sont les civils yéménites qui ont tant besoin de cette aide qui paieront le prix de cette répression violente, a déclaré Diala Haidar.
« Au lieu de menacer et d’entraver les activités des défenseurs des droits humains et des travailleurs humanitaires, qui se sentent de plus en plus exposés à des arrestations et à des représailles parce qu’ils mènent leurs activités, les Houthis doivent faciliter leur travail et la circulation de l’aide afin que les millions de personnes au Yémen qui ont actuellement besoin d’une assistance humanitaire vitale puissent en bénéficier. »
Complément d’information
En réponse aux dernières arrestations, l’ONU a annoncé en janvier 2025 la suspension de tous les déplacements officiels vers et dans les zones contrôlées par les Houthis. Le 10 février, les Nations unies ont suspendu toutes leurs activités à Saada, où six de leurs travailleurs humanitaires ont été arrêtés arbitrairement en janvier. Ces décisions auront de graves répercussions sur l’acheminement d’une aide humanitaire essentielle pour des millions de personnes.
Les autorités houthies ont déjà pris pour cible par le passé des membres du personnel d’organisations humanitaires et de défense des droits humains. Quatre membres yéménites du personnel onusien du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme et de l’UNESCO arrêtés en 2021 et 2023 sont toujours détenus arbitrairement ; ils sont détenus au secret depuis leur arrestation. En septembre 2023, les Houthis ont arrêté Hisham Al Hakimi, directeur de la sûreté et de la sécurité de l’organisation Save the Children, et l’ont détenu au secret. Il est décédé le 25 octobre 2023 alors qu’il était toujours détenu arbitrairement.