Russie. Des défenseur·e·s des droits humains de premier plan sont pris pour cibles en vertu de la législation sur les « organisations indésirables »
En réaction à l’arrestation à Ekaterinbourg de trois éminents défenseur·e·s des droits humains accusés d’avoir « organisé les activités d’une organisation indésirable », Marie Struthers, directrice du programme Europe de l’Est et Asie centrale d’Amnistie internationale, a déclaré :
« Il est clair que les autorités russes cherchent à ériger en infraction le travail de défense des droits humains. En procédant à des perquisitions intrusives et à des arrestations arbitraires, et en criminalisant la coopération pacifique avec des partenaires internationaux, elles affichent leur détermination à contraindre les défenseur·e·s des droits humains à se soumettre.
« Elles doivent libérer immédiatement Alexeï Sokolov, Larissa Zakharova et Roman Kachanov, et abandonner toutes les charges retenues contre eux, car ils sont détenus uniquement pour leur travail en faveur des droits fondamentaux. Au lieu d’intenter des poursuites contre ceux qui dénoncent les abus du système judiciaire et pénal, les autorités russes devraient s’attacher à remédier à ces violations. »
Complément d’information
Le 16 décembre, des agents des forces de l’ordre ont effectué des perquisitions coordonnées aux domiciles et lieux de travail des défenseur·e·s des droits humains basés à Ekaterinbourg Alexeï Sokolov et Larissa Zakharova, ainsi qu’à ceux de l’avocat Roman Kachanov. Tous trois travaillent avec « Les défenseurs des droits humains de l’Oural ». Ils ont par la suite été inculpés d’avoir « organisé les activités d’une organisation indésirable » (article 284.1.3 du Code pénal russe), une infraction passible d’une peine allant jusqu’à six ans d’emprisonnement.
Les autorités assurent que cette affaire est liée à la coopération présumée avec le Comité Helsinki de Norvège et la National Endowment for Democracy (Fondation nationale pour la démocratie, NED), toutes deux classées comme « indésirables » en Russie.
En outre, Alexeï Sokolov fait actuellement l’objet de poursuites pénales pour avoir prétendument affiché des « symboles extrémistes », accusation qui se fonde uniquement sur des références à Facebook dans les publications en ligne de leur groupe de défense des droits humains, après que les autorités russes ont qualifié Meta d’« organisation extrémiste » et donc interdit les liens vers ses plateformes. Alexeï Sokolov a passé six mois en détention provisoire de juillet 2024 à janvier 2025, avant de bénéficier d’une libération sous conditions restrictives.